
UN VOYAGE SPIRITUEL
Depuis l’antiquité chrétienne, la fête de Pâques est précédée de quarante jours de préparation, au cours desquels l’Église convie ses idèles à un effort de jeûne, de prière et d’abstinence : le grand carême. Durant cette période, nous sommes invités à rejeter le superflu dans notre vie (dans le domaine alimentaire, des distractions, etc.) pour nous recentrer sur l’essentiel et retrouver, au cœur du silence, la présence de l’Être.
Comme le disait Mgr Antoine de Souroge (grand spirituel orthodoxe contemporain) : «Dieu est partout. Il est ici. Si tu ne ressens pas sa présence, ce n’est pas lui qui est absent, c’est toi !»
Certes, notre société, loin de valoriser la tempérance ou la modération, nous incite à exiger «toujours plus » . Mais la liberté authentique réside moins dans la satisfaction de tous nos désirs (dont nous devenons finalement esclaves) que dans l’apprentissage de l'indépendance à leur égard, à laquelle contribue le carême.
Depuis l’antiquité chrétienne, la fête de Pâques est précédée de quarante jours de préparation, au cours desquels l’Église convie ses idèles à un effort de jeûne, de prière et d’abstinence : le grand carême. Durant cette période, nous sommes invités à rejeter le superflu dans notre vie (dans le domaine alimentaire, des distractions, etc.) pour nous recentrer sur l’essentiel et retrouver, au cœur du silence, la présence de l’Être.
Comme le disait Mgr Antoine de Souroge (grand spirituel orthodoxe contemporain) : «Dieu est partout. Il est ici. Si tu ne ressens pas sa présence, ce n’est pas lui qui est absent, c’est toi !»
Certes, notre société, loin de valoriser la tempérance ou la modération, nous incite à exiger «toujours plus » . Mais la liberté authentique réside moins dans la satisfaction de tous nos désirs (dont nous devenons finalement esclaves) que dans l’apprentissage de l'indépendance à leur égard, à laquelle contribue le carême.

Ce «voyage spirituel » (selon le père Alexandre Schmemann, dans son livre fondamental sur Le Grand Carême ) vers la «fête des fêtes » est rythmé par la prière liturgique, dont la tonalité est celle d’une «radieuse tristesse ». Une place particulière est occupée par la prière de saint Ephrem le Syrien, sorte de guide de notre effort personnel :«Seigneur et Maître de ma vie, éloigne de moi l’esprit d’oisiveté, decouragement, de domination et de vaines paroles. Accorde à ton serviteur l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et de charité. Oui, Seigneur et Roi, donne - moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car tu es béni dans les siècles des siècles.»
ENSEVELIS AVEC LUI EN SA MORT ...
Puis commence la semaine sainte – ou «grande » semaine – qui commémore les souffrances et la mort en croix du Christ, non comme simple rappel annuel d’un événement passé, mais en tant qu’expérience toujours renouvelée : les textes évangéliques et les chants empreints de gravité amènent les fidèles à suivre, presque heure par heure, les épisodes de la passion. Les trois premiers jours (lundi, mardi et mercredi saints) préparent au mystère de la crucifixion du Fils de Dieu par amour pour nous, qui sera révélé lors la dernière Cène
(jeudi saint) : « Ceci est mon corps, livré pour vous ; ceci est mon sang, répandu pour vous ... ».
Le vendredi saint, enfin, est le jour des ténèbres et du triomphe de la mort. Aux matines (célébrées par les Russes la veille au soir), douze lectures d’évangile nous permettent d’accompagner le Christ pas à pas vers le Golgotha. Aucune eucharistie n’est célébrée en ce jour où il s’offre lui -même en sacrifice. Le soir, un office poignant de «mise au tombeau » –l’un des sommets de l’année liturgique orthodoxe – voit l’ensevelissement symbolique du Christ. Le samedi saint –le septième jour – est celui du repos, mais à travers la défaite, point déjà l’aube de la victoire ...«Gloire à tes souffrances, Seigneur, gloire à ta longanimité!»
VOICI LE JOUR QUE FIT LE SEIGNEUR
Depuis les premiers siècles, les fidèles passaient la nuit de Pâques dans l’église. Avant le début de l’office, c’est le silence, la pénombre, l’attente. À minuit, commence une procession qui – comme les femmes myrrophores se rendant au tombeau – fait le tour de l’église et s’arrête devant l’entrée (chez les Grecs, le célébrant lit ici l’Évangile de Marc 16, 1-8). Le clergé entonne le « tropaire » de la résurrection : « Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vaincu la mort. À ceux qui sont dans les tombaux, il a donné la vie ! » (repris par le chœur), qu’il alterne avec les versets du psaume 67 : « Que Dieu se lève, et que ses ennemis se dispersent ! Comme se dissipe la fumée, qu’ils se dissipent, comme fond la cire en présence du feu ! Ainsi périssent les pécheurs en face de Dieu, mais les justes exultent. Voici le jour que le Seigneur a fait ; soyons dans la joie et dans l’allégresse ! »
La procession pénètre alors dans l’église illuminée. Puis, l’on chante le « canon » de saint Jean Damascène, l’une des plus hautes créations de la poésie liturgique byzantine. Les thèmes en sont rapidement suggérés, en notations brèves : voici le tombeau vide, les femmes myrrophores, l’annonce de la résurrection aux apôtres. Le style (et la musique) sont traversés de jubilation : « Jour de la résurrection ! Peuples, rayonnons de joie. C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ! De la mort à la vie, de la terre jusqu’au ciel, le Christ, notre Dieu, nous conduit : chantons la victoire du Seigneur ! » La mort est détruite, et la lumière jaillit du tombeau du ressuscité, qui porte avec lui toute l’humanité.
ENSEVELIS AVEC LUI EN SA MORT ...
Puis commence la semaine sainte – ou «grande » semaine – qui commémore les souffrances et la mort en croix du Christ, non comme simple rappel annuel d’un événement passé, mais en tant qu’expérience toujours renouvelée : les textes évangéliques et les chants empreints de gravité amènent les fidèles à suivre, presque heure par heure, les épisodes de la passion. Les trois premiers jours (lundi, mardi et mercredi saints) préparent au mystère de la crucifixion du Fils de Dieu par amour pour nous, qui sera révélé lors la dernière Cène
(jeudi saint) : « Ceci est mon corps, livré pour vous ; ceci est mon sang, répandu pour vous ... ».
Le vendredi saint, enfin, est le jour des ténèbres et du triomphe de la mort. Aux matines (célébrées par les Russes la veille au soir), douze lectures d’évangile nous permettent d’accompagner le Christ pas à pas vers le Golgotha. Aucune eucharistie n’est célébrée en ce jour où il s’offre lui -même en sacrifice. Le soir, un office poignant de «mise au tombeau » –l’un des sommets de l’année liturgique orthodoxe – voit l’ensevelissement symbolique du Christ. Le samedi saint –le septième jour – est celui du repos, mais à travers la défaite, point déjà l’aube de la victoire ...«Gloire à tes souffrances, Seigneur, gloire à ta longanimité!»
VOICI LE JOUR QUE FIT LE SEIGNEUR
Depuis les premiers siècles, les fidèles passaient la nuit de Pâques dans l’église. Avant le début de l’office, c’est le silence, la pénombre, l’attente. À minuit, commence une procession qui – comme les femmes myrrophores se rendant au tombeau – fait le tour de l’église et s’arrête devant l’entrée (chez les Grecs, le célébrant lit ici l’Évangile de Marc 16, 1-8). Le clergé entonne le « tropaire » de la résurrection : « Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vaincu la mort. À ceux qui sont dans les tombaux, il a donné la vie ! » (repris par le chœur), qu’il alterne avec les versets du psaume 67 : « Que Dieu se lève, et que ses ennemis se dispersent ! Comme se dissipe la fumée, qu’ils se dissipent, comme fond la cire en présence du feu ! Ainsi périssent les pécheurs en face de Dieu, mais les justes exultent. Voici le jour que le Seigneur a fait ; soyons dans la joie et dans l’allégresse ! »
La procession pénètre alors dans l’église illuminée. Puis, l’on chante le « canon » de saint Jean Damascène, l’une des plus hautes créations de la poésie liturgique byzantine. Les thèmes en sont rapidement suggérés, en notations brèves : voici le tombeau vide, les femmes myrrophores, l’annonce de la résurrection aux apôtres. Le style (et la musique) sont traversés de jubilation : « Jour de la résurrection ! Peuples, rayonnons de joie. C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ! De la mort à la vie, de la terre jusqu’au ciel, le Christ, notre Dieu, nous conduit : chantons la victoire du Seigneur ! » La mort est détruite, et la lumière jaillit du tombeau du ressuscité, qui porte avec lui toute l’humanité.

À la fin des matines, le clergé et les fidèles échangent le triple baiser de paix : « Le Christ est ressuscité ! – En vérité, il est ressuscité !» (l’on se saluera ainsi pendant tout le temps pascal). Ensuite, le célébrant lit un sermon de saint Jean Chrysostome : « Entrez dans la joie de notre Seigneur (…) Vous qui avez jeûné et vous qui ne l’avez point fait, réjouissez-vous aujourd’hui. (…) Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon s’est levé du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a libérés. Il a détruit la mort, celui qu’elle avait étreint ; il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers. Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? Le Christ est ressuscité et (…) voici que règne la vie. »
Suit la liturgie eucharistique, célébrée sur un rythme rapide, rempli d’allégresse. L’Évangile de Jean (1, 1-17) est, chez les Russes, lu en plusieurs langues, pour signifier l’universalité du salut (chez les Grecs, ce sera celui des vêpres du jour : Jn 20, 19-25). Et la communion des fidèles manifeste comme jamais que l’Église est fondée sur le mystère pascal (« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine », 1 Co, 15:17).
Un tel mystère ne pouvant se célébrer en un seul jour, l’Église prolonge durant toute une octave la fête de Pâques : pendant la semaine qui suit – appelée « lumineuse » ou « du renouveau » – la célébration pascale est répétée à l’identique chaque jour. Ensuite, jusqu’à l’Ascension, l’office gardera des accents pascaux mais d’une moindre intensité. Et le repas pascal, partagé en communauté ou en famille, se prolonge dans les visites qu’on se rend les uns aux autres. « De lumière maintenant, est rempli tout l’univers ; que désormais toute la création célèbre la résurrection du Chist, notre force et notre joie ».
Prêtre Serge Model,
Archevêché orthodoxe russe en Belgique
Suit la liturgie eucharistique, célébrée sur un rythme rapide, rempli d’allégresse. L’Évangile de Jean (1, 1-17) est, chez les Russes, lu en plusieurs langues, pour signifier l’universalité du salut (chez les Grecs, ce sera celui des vêpres du jour : Jn 20, 19-25). Et la communion des fidèles manifeste comme jamais que l’Église est fondée sur le mystère pascal (« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine », 1 Co, 15:17).
Un tel mystère ne pouvant se célébrer en un seul jour, l’Église prolonge durant toute une octave la fête de Pâques : pendant la semaine qui suit – appelée « lumineuse » ou « du renouveau » – la célébration pascale est répétée à l’identique chaque jour. Ensuite, jusqu’à l’Ascension, l’office gardera des accents pascaux mais d’une moindre intensité. Et le repas pascal, partagé en communauté ou en famille, se prolonge dans les visites qu’on se rend les uns aux autres. « De lumière maintenant, est rempli tout l’univers ; que désormais toute la création célèbre la résurrection du Chist, notre force et notre joie ».
Prêtre Serge Model,
Archevêché orthodoxe russe en Belgique