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DÉCLARATION DU PATRIARCAT DE MOSCOU SUR LA PRÉPARATION DU CONCILE PANORTHOXE

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"Recevant toutes sortes d'appels à propos du prochain Concile panorthodoxe," le Service des communications du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou a publié une longue déclaration dont voici la traduction. Nous avons ajouté les sous-titres.

LE CONCILE PANORTHODOXE NE SERA PAS LE VIII ème CONCILE ŒCUMENIQUE

Le Saint et Grand concile de l'Eglise orthodoxe qui se tiendra en Crète les 18 - 27 Juin 2016 ne va pas débattre des questions dogmatiques qui ont été débattues et définitivement décidées par les Conciles œcuméniques. La convocation du Concile panorthodoxe n'est associée à aucune influence de quelque force politique ou processus mondial que ce soit du fait même que sa préparation, en cours depuis 1961, a commencé et s'est développée dans des conditions historiques et politiques totalement différentes.

DÉCLARATION DU PATRIARCAT DE MOSCOU SUR LA PRÉPARATION DU CONCILE PANORTHOXE
Le prochain Concile n'est pas et ne peut être le "huitième concile œcuménique". Nombre d'auteurs religieux anciens, dont certains sont vénéré parmi les saints, ont désigné comme huitième concile œcuménique celui qui s'est tenu à Constantinople en 879-880 et qui a condamné toute addition au Credo. Et pour ce qui concerne le Concile qui est convoqué en Crète, "nous ne qualifions pas ce Concile d'œcuménique car, contrairement aux anciens Conciles œcuméniques, il n'a pas pour objet de résoudre des questions doctrinales, qui ont été résolues depuis longtemps et ne sont pas sujettes à révision. Il n'a pas non plus pour objet d'introduire quelque innovation que ce soit dans la vie liturgique de l'Église, dans sa structure canonique," comme l'a clairement déclaré le Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrile au Concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe le 2 Février, 2016.

Les seules questions traitées durant ce Concile panorthodoxe seront celles qui, pour des raisons historiques, n'ont pas reçues de réponses universellement acceptées dans le cadre du droit canonique, comme par exemple la coopération pour la pastorale des orthodoxes vivant en dehors des frontières canoniques des Églises locales. Le Saint et Grand Concile est également appelé à exprimer l'opinion cohérente et autorisée de l'Eglise orthodoxe sur certaines questions d'actualité du monde moderne.

LA VÉRITÉ SUR LES PROJETS DE DOCUMENTS


La synaxe des 21 - 28 Janvier derniers a décidé de soumettre à l'examen du Concile les projets de six documents qui ont tous été publiés, sur la demande insistante de l'Eglise orthodoxe russe, sur les sites officiels du Patriarcat Moscou et ICI. Pouvant ainsi consulter les projets de décisions conciliaires publiés, chaque membre de l'Eglise peut constater qu'il n'y a aucun fondement aux craintes que le Concile puisse modifier les règles de l'Eglise, comme par exemple: abolir le monachisme, introduire un épiscopat marié ou le second mariage du clergé, raccourcir ou supprimer des carêmes, imposer le nouveau calendrier dans toutes les Églises locales ou encore signer l'union avec l'Église catholique romaine ou se réunir avec des confessions non orthodoxes.

Ainsi par exemple:
- Le projet de document «L’importance du jeûne et son observance aujourd’hui" non seulement ne réduit rien des règles existantes, mais proclame pour la première fois (!) le caractère obligatoire des carêmes de Noël, des Apôtres et de la Dormition qui n'avaient pas été inclus dans les anciens saints canons contrairement au Grand Carême.
- Le projet de document «L’AUTONOMIE ET LA MANIÈRE DE LA PROCLAMER" complète les normes du droit canonique en confirmant le droit de chaque Eglise autocéphale d'accorder une certaine autonomie à l'une de ses parties.
- Le projet de document "LE SACREMENT DU MARIAGE ET SES EMPÊCHEMENTS" reconnaît en particulier l'impossibilité du mariage des personnes ordonnées ou ayant prononcé les vœux monastiques.
- Le projet de document "La Diaspora orthodoxe" traite de la question des fidèles vivant en dehors des limites géographiques d'une Eglise orthodoxe locale qui n'avait pas de solutions dans les canons de l'Église jusqu'ici, car elle n'est apparue qu'au XXe siècle sous sa forme actuelle. Le projet proposé au Concile panorthodoxe vise à renforcer l'assistance mutuelle entre les orthodoxes par l'établissement, dans différentes régions du monde, d'Assemblées épiscopales dans lesquelles les évêques canoniques qui exercent leur ministère dans ces régions participent sur un pied d'égalité.
- Le projet de document sur «La question de calendrier" a été exclu de l'ordre du jour du Concile panorthodoxe à l'initiative de l'Eglise orthodoxe russe et conformément à la décision de la synaxe des Primats.
- Le projet de document "La mission de l’Eglise Orthodoxe dans le monde contemporain" s'adresse non seulement aux enfants de l'Eglise, mais aussi au monde extérieur et révèle les causes spirituelles de la crise dans la vie économique, politique et sociale de nombreux états, liée à l'oubli des valeurs morales fondamentales du christianisme dans la société moderne.

"LES RELATIONS DE L’EGLISE ORTHODOXE AVEC L’ENSEMBLE DU MONDE CHRETIEN"

Contrairement aux rumeurs malveillantes, ce projet de document n'approuve aucunement l'union avec les catholiques romains et les communautés non-orthodoxes ne sont pas désignées comme égales en dignité ou également salvatrices que l'Eglise orthodoxe. Les craintes que le soi-disant objectif du document serait de déclarer l'œcuménisme comme une espèce d'enseignement obligatoire pour tous les orthodoxes sont sans fondement. Le terme même de «mouvement œcuménique» n'est utilisé dans le document que dans un contexte historique pour décrire les réalités du passé. En outre, le projet de document indique clairement les seuls critères de participation acceptables pour l'Eglise orthodoxe dans les contacts interchrétiens. Ainsi, il y est clairement dit que les relations de l'Eglise orthodoxe avec les communautés non-orthodoxes " doivent se fonder sur une clarification, le plus rapidement et le plus objectivement possible, de toute la question de l’ecclésiologie et, plus particulièrement de l’enseignement général que celles-ci professent sur les sacrements, la grâce, le sacerdoce et la succession apostolique." En ce qui concerne la relation avec le Conseil Œcuménique des Églises, le document précise que l'Eglise orthodoxe "tout en participant au COE, n’accepte absolument pas l’idée de 'l’égalité des confessions' et ne peut concevoir l’unité de l’Église comme un compromis interconfessionnel."

Il convient également de noter que l'entrée de l'Eglise orthodoxe russe dans cette organisation œcuménique n'est devenue possible qu'après l'adoption par celle-ci de la "Déclaration de Toronto" en 1950; celle-ci reste à ce jour l'un des documents fondamentaux du COE. (…) Les principes exposés dans la «Déclaration de Toronto» satisfont aussi aux exigences du document intitulé "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie", adopté par le Concile des évêques en 2000, qui sont incontournables pour autoriser l'adhésion de l'Eglise russe à des organisations interchrétiennes (paragraphe 5.2).

Selon le même document, " Le témoignage ne peut être un monologue, il présuppose écoute et échange. Le dialogue sous-entend deux parties, ouvertes à l'échange mutuel, disposées à se comprendre." Il est évident qu'un tel dialogue n'est guère possible si l'une des parties traite l'autre de groupement hérétique. Le Patriarche Cyrille l'a dit récemment dans son homélie du Dimanche de l'Orthodoxie: "dès que vous dites à quelqu'un qu'il est un hérétique, vous fermez toute possibilité de dialogue avec lui - il cesse de vous entendre devient votre ennemi, parce qu'il ne se considère pas comme hérétique et interprète ces mots comme une insulte." Saint-Marc d'Ephèse, dénonçant les erreurs des Latins au concile de Florence, s'adresse au Pape en ne l'appelant pas autrement que «Saint-Père» et «Sa Béatitude le Pape de l'ancienne Rome," et les débats conciliaire avec les catholiques sont décrits ainsi: "Aujourd'hui, les membres du corps du Seigneur, divisé et coupé depuis des siècles, se pressent vers la réunion mutuelle!". Pour apprendre comment pensait et agissait réellement le saint il faut lire le livre de l'Archimandrite Ambroise (Pogodin) "Saint-Marc d'Ephèse et l'Union de Florence", qui cite ses véritables discours au Concile de Florence et après le Concile. Le saint faisait tout pour convaincre ses adversaires de revenir dans la voie de la vérité dans un dialogue mutuellement respectueux. Quand il est devenu clair que c'était impossible, il a courageusement résisté aux Latins pour défendre la pureté de l'orthodoxie.

C'est exactement cela que fait le patriarche Cyrille en défendant avec zèle la foi orthodoxe et les intérêts de l'Eglise orthodoxe russe dans le dialogue avec les autres confessions, les autres religions et les non-croyants. Le refus d'un tel dialogue serait un crime devant le Seigneur qui a commandé à ses apôtres d'aller enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce qu'il a commandé (Matthieu 28: 19-20.). Si les apôtres étaient restés barricadés en évitant tout contact avec ceux qui appartenaient à d'autres religions, la prédication de l'Evangile du Christ ne serait jamais allée au-delà du Cénacle. Dédaigner les membres d'une autre religion ou d'autres opinions c'est se mettre au rang des Pharisiens, dont la crainte principale était de se souiller par le contact avec ceux qui, à leur avis, ne croyait pas de la bonne façon.

C'est aux Pharisiens, et non aux apôtres et à Saint-Marc d'Ephèse, que s'assimilent ces pseudo "zélateurs de l'orthodoxie" qui, aujourd'hui, troublent le peuple de Dieu avec des histoires mensongères sur la soi-disant préparation du concile de l'Antéchrist. Et l'œuvre des apôtres et de Saint-Marc d'Ephèse est continuée par ceux qui entament sans crainte un dialogue avec les hétérodoxes, non pour arriver à un compromis doctrinal, mais pour témoigner de la pureté et de la vérité de la foi orthodoxe et afin de trouver des formes de coexistence mutuelle acceptables pour sauver la vie des chrétiens persécutés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour défendre ensemble la famille comme l'union consacrée par Dieu d'un homme et d'une femmes, pour protéger la vie des enfants à naître, pour la défendre la paix sur la terre.

RÈGLEMENT D’ORGANISATION ET DE FONCTIONNEMENT DU SAINT ET GRAND CONCILE DE L’ÉGLISE ORTHODOXE

Il faut souligner que le Règlement de fonctionnement du Concile Panorthodoxe exclut la possibilité d'aborder aucun autre nouveau sujet ou document en dehors des six énumérés ci-dessus. De plus, le Règlement prévoit que toute modification apportée à ces documents – s'il en était besoin – ne pourrait être adoptée que par une décision unanime de toutes les Églises locales; cela signifie qu'aucune modification ne peut être acceptée si ne fut-ce qu'une des Églises locales participantes au travail du Concile exprime son désaccord. Cette procédure de prise de décision autorise l'Eglise orthodoxe russe à participer au concile panorthodoxe sans craindre que les Églises locales se voient imposer une décision qui irait à l'encontre de l'enseignement des saints Pères et à la tradition séculaire de l'Église.

(…)
Conformément à la résolution du Concile épiscopal de l'Eglise orthodoxe russe des 2-3 février 2016, nous appelons à prier pour "que le Seigneur révèle sa volonté aux membres du prochain saint et grand Concile de l'Eglise orthodoxe et que sa tenue renforce l'unité de l'Orthodoxie, serve au bien de l'Eglise du Christ, à la gloire de Dieu et à conserver intact les orthodoxes la foi. "

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Traduction V. Golovanow



Vladimir Poutine invité en France en octobre 2016

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Vladimir Poutine invité en France en octobre 2016
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a rencontré mardi à Moscou le président russe Vladimir Poutine et son homologue Sergueï Lavrov, invitant Vladimir Poutine à venir à Paris en octobre 2016

La visite du président russe en France pourrait coïncider avec l'inauguration d'une cathédrale et d'un centre culturel russe, actuellement en construction à Paris

"Nous attendons le président Poutine (...) Je lui ai présenté les salutations du président Hollande et aussi l'invitation pour une visite en octobre, à l'occasion de l'inauguration d'une exposition", a déclaré Jean-Marc Ayrault au début d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov. "Je crois qu'il viendra puisqu'il m'a donné son accord de principe", a poursuivi le ministre français des Affaires étrangères, dont c'est la première visite à Moscou depuis sa nomination à ce poste.

Lien BFM

Pourquoi les orthodoxes payent pour la momie de Lénine ? Et pourquoi si cher ?

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Pourquoi les orthodoxes payent pour la momie de Lénine ? Et pourquoi si cher ?
La Russie est le pays des miracles ! Dans cette année 2016 de crise budgetaire, notre gouvernement alloue plus de 13.000.000 roubles (173.000 €) pour les « travaux de conservation de l’aspect vivant du corps de Vladimir Lénine ».

L’Union soviétique dont Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine) est la personne culte, s’est effondrée il y a déjà un quart de siècle. Toutefois, même en 2016, nous tous, y compris les chrétiens orthodoxes, indépendamment de notre volonté, devront investir dans le « look » l’idole communiste !

L’agence d’information « Russkaya Linia », en référence au site officiel du GOSZAKUPOK (NdT : Agence gouvernementale des achats), annonce qu’en 2016, le pays va payer, à partir des moyens que nous aurons gagnés et versés au budget de l’Etat, sous forme d’impôt, 13.081.500 Roubles pour les « travaux de conservation de l’aspect vivant du corps de Vladimir Lénine » !

Pourquoi les orthodoxes payent pour la momie de Lénine ? Et pourquoi si cher ?
Lire aussi Un missionnaire connu estime inapproprié de comparer la momie de Lénine avec les reliques des saints


Le commanditaire de cet achat est le service fédéral de protection des personnalités. Les dépenses ont pour objet : « les travaux médico-biologiques de conservation de l’aspect vivant du corps de Vladimir Lénine ». Ils seront réalisés par un seul prestataire. Le délai de réalisation est novembre 2016.

Le prestataire n’est pas indiqué dans l’information. Toutefois, selon certaines informations, les travaux seront menés par l’Institut russe de recherche et d’investigation de plantes médicinales et aromatiques.

Cette décision nous interpelle.. Dans ce contexte de cris on pourrait trouver mille et une façons de mieux dépenser cet argent. Par exemple, en finançant l’achat de médicaments pour des personnes gravement malades.

En outre, si, encore, les camarades communistes payaient pour leur camarade embaumé, c’est bien leur affaire, mais pourquoi les contribuables orthodoxes sont indirectement impliqués dans les soins du corps d’un homme qui a déclenché les persécutions de l'Église et la terreur contre le clergé?! C’est absolument incompréhensible.

Peut-être serait-il plus simple d’enterrer le leader du prolétariat mondial? Cela serait moins cher et ne ferait de mal à personne ...

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Traduction "PO"
Lire aussi 74 Résultats pour votre recherche Faut-il enterrer Lénine?

Site de l'OLTR - Editorial d'Avril 2016 : "L'Eglise et l'Etat"

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Site de l'OLTR - Editorial d'Avril 2016 :
Le problème des relations entre l'Eglise et l'Etat est un problème toujours d'actualité, que chaque génération doit affronter et résoudre dans les conditions de son temps.

Dans la France actuelle, ce problème est marqué, pour nous, par deux facteurs. D'une part, depuis la révolution de 1789, il existe une sourde opposition entre l'Eglise et l'Etat et l'on en voit actuellement des manifestations multiples (interdictions de crèches de Noël, répression anormalement sévère contre les opposants au mariage homosexuel, attaques contre des prélats sur fond de pédophilie de quelques prêtres, par ailleurs inadmissible, etc.). D'autre part, il faut bien voir que les orthodoxes ne sont pas assez nombreux pour que se pose quelque problème que ce soit dans leur relation avec l'Etat.

Il résulte de ces deux facteurs qu'en général, les orthodoxes vivant en France considèrent qu'il ne doit y avoir aucune interférence entre l'Eglise et L'Etat et que, si l'on s'en tient à ce principe, il n'y a plus de problème. Ils ont tendance à en faire un principe intangible.

Mais il ne faut pas oublier que, pendant des siècles, l'empire chrétien, et plus tard l'état chrétien, était le modèle d'organisation politique considéré comme idéal. C'était l'idéal de la « symphonie » entre le pouvoir temporel et le pouvoir religieux. Et ce modèle n'a jamais été condamné par les orthodoxes. Il subsiste même dans un pays comme la Grèce.

Bien sûr, ce modèle devient plus difficile à maintenir quand la proportion des croyants diminue ou que la population d'un territoire devient moins homogène. Mais dans la plupart des pays de tradition chrétienne, il laisse la place à un système où l'Etat reconnait plusieurs religions et collabore plus ou moins avec ces religions « officielles ». C'est le cas, par exemple, en Suisse aux Etats Unis, en Belgique, etc. En réalité, les situations sont très diverses et peuvent poser des problèmes divers.

L'Etat finlandais, par exemple, posa comme condition à la reconnaissance officielle de l'Eglise orthodoxe dans son pays que celle-ci fête Pâques selon le calendrier grégorien, à la même date que les Eglises occidentales. Pour bénéficier des avantages du statut d'Eglise reconnue celle-ci accepta cette exigence. Faut-il y voir un geste prophétique reconnaissant le comput grégorien comme répondant aux exigences canoniques du premier concile œcuménique ou bien une transgression inadmissible du canon qui enjoint à tous les orthodoxes de fêter Pâques le même jour ?

Mais si les problèmes actuels ne semblent pas dramatiques, il en fut autrement au 20 ème siècle qui fut un siècle de persécutions intenses. Ces persécutions, nous les devons au « marxisme- léninisme » et autre « maoïsme » qui ont tellement fasciné jusqu'à nos intellectuels français. La Russie fut en première ligne de ces tristes expériences. L'Eglise russe avait déjà connu deux siècles d'asservissement à un Etat qui n'était pas cependant furieusement hostile. Malgré cette dépendance, elle connut un certain renouveau lors de cette période, notamment sur le plan théologique et spirituel. Dès la fin du régime impérial, elle put tenir un concile dont le principal mérite fut de rétablir le patriarcat. Ces évolutions lui permirent d'affronter les terribles persécutions des bolcheviques.

Ces derniers proclamèrent, dès leur prise de pouvoir, la séparation de l'Eglise et l'Etat. Mais en réalité, c'était pour mieux s'immiscer dans les affaires de l'Eglise dans le seul but de la détruire. Le Seigneur n'a pas permis à cette entreprise d'aller jusqu'au bout. L'Eglise fut affaiblie, mais l'Etat s'effondra.

Après ces amères expériences, le patriarcat de Moscou n'avait aucune envie de se remettre sous la coupe de l'Etat. Sa séparation d'avec ce dernier a été réaffirmée par le concile tenu en en l'an 2000. Cette position n'est pas contestée non plus par l'Etat. Mais l 'Eglise ne s'interdit pas de collaborer avec le pouvoir temporel lorsqu'elle estime que ses objectifs coïncident avec les siens. Car si l'Eglise n'est pas du monde, elle est dans le monde et elle exerce forcément son influence sur la société. Ceci est d'autant plus vrai quand la société elle-même, après s'être égarée dans l'athéisme et avoir perdu ses repères moraux, appelle l'Eglise au secours, comme cela se constate souvent en Russie.

Bien sûr, vu d'Europe, surtout à un moment où certaines forces œuvrent au creusement d'un fossé entre la Russie et le reste du continent européen, on croit pouvoir parler de « l'Eglise de Poutine ».

Mais pour nous l'Eglise restera toujours l'Eglise du Christ.

Séraphin REHBINDER
Président de l'OLTR.
20 avril 2016
Site OLTR

MOUVEMENT OLTR: Plusieures publications sur "PO" consacrées aux problèmes de la diaspora russe en France

La Turquie a entrepris une action juridique contre le Patriarcat œcuménique de Constantinople

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La Turquie a entrepris une action juridique contre le Patriarcat œcuménique de Constantinople afin de se réapproprier des terrains récemment restitués à l’institution orthodoxe.

D’après l’agence d’information vaticane Fides, Ankara tente d’annuler les actes juridiques par lesquels des terrains étaient revenus au siège patriarcal orthodoxe, il y a quelques années.

Le 27 août 2010, le Premier ministre de l’époque, Recep Tayip Erdogan, avait en effet annoncé la restitution des biens confisqués aux minorités religieuses à l’époque de la création de la République de Turquie moderne (1923), de même qu’à partir de 1936 et de 1960. Cette annonce, confirmée par un décret publié au Journal officiel, avait été adressée aux représentants de 161 fondations religieuses, dont la communauté grecque orthodoxe, rapporte l’œuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED).

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry exhorte la Turquie à rouvrir un séminaire orthodoxe

Enième cas de vexation juridique

Le Premier ministre et actuel président turc avait donné un an aux communautés religieuses pour présenter leurs demandes de restitution ou de dédommagement, que ces biens soient devenus la propriété de l’Etat ou aient été vendus à des particuliers. Plus d’un millier de ces biens immobiliers avaient été confisqués à l’Eglise grecque orthodoxe (représentée par le Patriarcat œcuménique de Constantinople) et une trentaine à l’Eglise apostolique arménienne....

La procédure entamée fin avril 2016 par Ankara vise en particulier à exproprier à nouveau le Patriarcat d’un terrain de quelques 40 hectares, à Göksu, dans le sud du pays. Un autre secteur, à Umit, qui avait été assigné à l’Institut de théologie orthodoxe de Halki, près d’Istanbul, au cours de ces quatre dernières années, est également dans le collimateur de l’Etat.
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La Turquie veut récupérer les reliques de saint Nicolas qui se trouvent dispersées depuis le Moyen Âge

Un centre mémorial du Mouvement Blanc ouvrira au monastère Novospassky à Moscou

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Un centre mémorial du Mouvement Blanc ouvrira au monastère Novospassky à Moscou
New York. 21 avril. Interfax – Un Centre Culturel "Patrimoine Blanc" s’installera, en 2017, dans la tour nord du monastère Novospassky de Moscou.

Le centre est créé à l'initiative de la Fondation pour la Mémoire du mouvement blanc ainsi que l’annonce le site de l'Eglise russe Hors-frontières NdT. Texte en russe

"C’est un grand plaisir, pour nous que de recevoir, dans les murs du Monastère Novospassky, le centre culturel "Patrimoine Blanc". Il est hautement symbolique que cette organisation s’installera dans la tour du monastère qui est, depuis le XVIe siècle, la sépulture des boyards Romanov " - a déclaré l’higoumène du monastère, l’évêque de Voskressensky, Mgr Savva, lors de la présentation de ce Fond à Moscou.

Un centre mémorial du Mouvement Blanc ouvrira au monastère Novospassky à Moscou
À son tour, Alexis Grigorieff, le président de l'Union des descendants des combattants russes de Gallipoli avec l'aide de laquelle est créé ce centre culturel, a dit combien il est important d'expliquer et d'aider à comprendre les exploits des membres du mouvement Blanc, de parler de l’existence dans les lieux de survie de l'armée russe à Gallipoli, Bizerte, Lemnos et autres endroits, d’évoquer la vie des exilés russes à l'étranger.

«Notre objectif consiste à montrer la puissance de la foi et des idéaux moraux des soldats Blancs, ainsi que le rôle et l'importance de l'Eglise orthodoxe russe dans la préservation de l'esprit et de la conscience nationale des communautés russes à l'étranger", a-t-il insisté.

Lire Les martyrs de Gallipoli

Le centre culturel deviendra une plate-forme multimédia, qui accueillera des conférences, des ateliers, des projections de films, des conférences. En outre, le centre présentera une exposition, qui racontera la vie des communautés russes à l'étranger et les activités de l’Union des combattants de Gallipoli. Une attention particulière sera accordée au retour des descendants des soldats blancs en Russie.

Interfax religion Traduction "PO"
Lire Commemoration de l'Armée Blanche

Pour le métropolite Hilarion, ceux qui critiquent la rencontre du patriarche avec le pape veulent pousser l’Église vers le schisme et l’isolement

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Pour le métropolite Hilarion, ceux qui critiquent la rencontre du patriarche avec le pape veulent pousser l’Église vers le schisme et l’isolement
Serguïev posad, 20 avril. INTERFAX – L’Église russe s’inquiète de la campagne menée contre le patriarche Cyrille après sa rencontre à La Havane avec François, le pape de Rome.

« On ne peut que considérer comme du pharisianisme la campagne qui est menée ces derniers temps contre le primat de l’Église orthodoxe russe, Sa Sainteté le Patriarche de toute la Russie Cyrille, après la rencontre qu’il a eu avec le Pape de Rome François le 12 février 2016 à La Havane et la déclaration qu’ils ont signé en commun » a déclaré ce mercredi à l’Académie ecclésiastique de Moscou métropolite Hilarion, chef du Département synodal des relations ecclésiales extérieures.

Le métropolite a précisé qu’il vise plus particulièrement « la déclaration d’un évêque, de quelques clercs et paroissiens, les discours de participants à deux rassemblements incompréhensibles organisés à Saint-Pétersbourg et Moscou, ainsi que les lettres de protestation qui parviennent au Patriarcat, au Département des relations ecclésiales extérieures et dans d’autres institutions synodales. (…) Ces lettres, visiblement „recopiées” reprennent les mêmes accusations, reprises d’un auteur à l’autre.

Toutes ces déclarations, protestations et accusations ont pour but unique de démontrer que la rencontre du Patriarche avec le Pape contredirait les canons orthodoxes, l’enseignement des Pères de l’Église et des règles de vie de l’Église orthodoxe russe. »

Après avoir rappelé que le sujet principal de la rencontre des deux primats était la défense des chrétiens du Moyen-Orient, le métropolite s’est demandé pourquoi ces « zélateurs de l’orthodoxie » n’ont pas organisé un rassemblement pour soutenir ceux qui sont pourchassés et rassembler des fonds pour venir en aide aux migrants. « Au lieu de cela, ils organisent des rassemblements schismatiques indignes où sont condamnés les actions du primat de notre Église en faveur de la paix et exhortent à ne plus mentionner le Patriarche lors des liturgies. Qu’est cela, si ce n’est l’expression du pharisianisme et de l’hypocrisie ? » Selon le métropolite, ceux qui critiquent ainsi poussent l’Église « vers l’isolement et le schisme », et veulent la transformer en « une secte, comme le sont leurs rassemblements ».

« Ces gens agissent contre la position citoyenne active qui est aujourd’hui celle de l’Église. Ils voudraient que le Patriarche ne rencontre personne, n’intervienne nulle part, n’ait aucun allié, reste isolé. Dans l’idéal, ils voudraient voir notre Église comme certaines ententes de vieux-croyants qui n’ont pas de contact avec le monde extérieur et où le pouvoir appartient aux paroissiens. »

En conclusion le métropolite a appelé les contestataires à « se ressaisir, se repentir et cesser d’attirer les gens naïfs et crédules avec leurs horreurs qui n’ont à voir avec la réalité. »

Interfax religion Traduction "PO"
Критики встречи патриарха и папы хотят загнать Церковь в раскол и изоляцию - митрополит Иларион

Le métropolite Hilarion compare l'Europe à l'Union soviétique athée

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Traduit du russe par Marie et André Donzeau

Moscou. 18 avril. Interfax – Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, Président du DREE du patriarcat de Moscou , a établi un parallèle entre l'ex URSS et l'Europe actuelle.

"Il est surprenant que maintenant, relativement parlant, les civilisations russe et européenne ont en quelque sorte échangé leurs rôles. L'Union soviétique était le pays de l'athéisme d'Etat, alors que l'Occident était perçu par nous tous comme une région chrétienne" a déclaré le hiérarque lors de l'émission "L'Eglise et la paix", sur la chaîne de télévision "Russie-24".

Selon lui, tout est maintenant inversé : en Russie, c'est la renaissance de la foi, de l'Eglise ; on construit de nouvelles églises, on ouvre des monastères et des établissements d'enseignement religieux ; "alors qu'en Occident on assiste à une diminution progressive de la religiosité, des églises se ferment, certains bâtiments ecclésiastiques sont tout simplement à vendre."


"La laïcité et l'athéisme sont de fait devenus l'idéologie officielle de l'Europe occidentale. Certes, l'Eglise n'est pas encore persécutée au point où elle l'était chez nous à l'époque soviétique, quand on faisait exploser et qu'on détruisait les églises. Mais l'idéologie de l'Europe laïque moderne exclut pratiquement l'Eglise et la religion de l'espace public ; on peut être croyant en tant que personne privée, mais votre religiosité ne doit en aucune façon affecter votre rôle dans la société, dans votre activité professionnelle", constate le métropolite.

Dans le même temps, il croit que le renouveau religieux en Europe "ira au-delà de l'ivresse de la « liberté », de la permissivité, que les gens comprendront à quoi tout cela mène, et que commencera alors un retour aux racines chrétiennes."

Interfax religion


Homélie pour le samedi de la résurrection de Lazare

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Homélie pour le samedi de la résurrection de Lazare
Chers frères et sœurs, hier soir, en me préparant à cette homélie, j’ai voulu parcourir sur internet ce qui y est dit, du point de vue scientifique, sur la mort.

On trouve beaucoup de choses passionnantes sur le web sur la différence entre la mort clinique et la mort cérébrale, sur la question de l’instant de la mort et de sa définition, sur l’aspect irréversible de l’arrêt des activités cérébrales, sur ce qu’on appelle l’expérience de la mort imminente et les témoignages de ceux qui ont été ramenés à la vie après une telle expérience etc.

On y trouve aussi une multitude de conceptions religieuses et philosophiques du sens de la mort. Beaucoup de religions et de cultures envisagent la mort comme un passage dans une autre vie de l’âme séparée du corps, parfois comme une pérégrination qui amène l’âme à une nouvelle incarnation, mais aussi comme une nouvelle naissance de la conscience dans une autre forme d’existence.

Ce qui m'a frappé, c'est que, partout, la mort est considérée comme irréversible, même quand on croit en la vie éternelle.

Homélie pour le samedi de la résurrection de Lazare
Et même dans les milieux chrétiens, la mort est souvent considérée comme la séparation définitive de l’âme et du corps. On croit que les morts sont irrévocablement débarrassés de leur corps et continuent à vivre éternellement sous la forme d’âmes et d’esprits.

Pourtant, la foi chrétienne est tout à fait le contraire à de telles représentations de la mort. La foi chrétienne repose sur l’espérance de la Résurrection. L’Église est née de la foi en ce que le Christ est ressuscité. La résurrection, dans laquelle l’Église croit, embrasse le corps aussi bien que l’âme. La résurrection n’est donc pas la vie éternelle de l’âme sans le corps. C’est le retour à la vie originelle et éternelle, telle qu’elle a été conçue par Dieu au moment de la création de l’homme. En croyant dans la résurrection, nous croyons que la mort n’est pas irréversible. La médecine actuelle, la plupart des systèmes religieux, l’imagerie populaire – tous croient dans le caractère irréversible de la mort. Mais pas nous, les chrétiens. Pas nous, témoins de ce miracle extraordinaire que le Christ accomplit aujourd’hui, en ramenant Lazare à la vie. Pas nous qui sommes les hérauts de la résurrection de Jésus le Seigneur.

La mort n’est pas irréversible pour nous. Elle est passagère, elle est détruite par la force de Dieu qui du néant a fait naître un univers d’une immensité et d’une diversité vertigineuses. Si Dieu a pu faire naître la vie du néant, faire apparaître la conscience et l’intelligence à partir de rien, ce même Dieu peut aussi ramener à la vie l’œuvre de ses mains. La ramener à une vie telle qu’elle a été pensée à l’origine : pour l’homme, il s’agit de vivre dans un corps avec une âme et un esprit. La résurrection n’est pas une vie éternelle de l’âme. C’est le retour à l’état primitif de l’homme, dans un corps – certes transfiguré, guéri, incorruptible, mais tout de même un corps, animé d’une âme raisonnable.

Voilà ce que nous devons mettre au clair, en célébrant la résurrection de Lazare et en nous préparant à fêter la Résurrection du Seigneur lui-même. Débarrassons-nous des préjugés de la religiosité rudimentaire, oublions les limites de la médecine scientifique, rappelons-nous que le Christ est ressuscité dans un corps nouveau, mais palpable. Et au lieu de nous demander une existence éternelle pour nos âmes, après leur séparation avec le corps, préparons plutôt les deux à la transfiguration opérée par la puissance du Créateur, à une régénération de notre être intégral, à l’image du Christ, prévue d’avant les siècles par le dessein ineffable de la Vivifiante Trinité.

Hiéromoine Alexandre (Siniakov)
2011
Séminaire russe

Homélie pour le samedi de la résurrection de Lazare

Dimanche des Rameaux!

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Dimanche des Rameaux!
Tropaire

AVANT TA PASSION, TU NOUS AS DONNÉ FOI EN LA RÉSURRECTION DE TOUS,

TU AS RESSUCITÉ LAZARE DES MORTS, Ô CHRIST DIEU.AUSSI COMME LES ENFANTS, PORTANT LES SYMBOLES DE TA VICTOIRE, NOUS TE CHANTONS COMME AU VAINQUEUR DE LA MORT :"HOSANNA AU PLUS HAUT DES CIEUX,BÉNI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR".

COMMENTAIRE LITURGIQUE DU DEBUT DE LA SEMAINE SAINTE (du samedi de Lazare au Mercredi saint)

Evangile de la Liturgie (Jean 12, 1-18)

Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui.

Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit: Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres? Il disait cela, non qu'il se mît en peine des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait.

Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours. Une grande multitude de Juifs apprirent que Jésus était à Béthanie; et ils y vinrent, non pas seulement à cause de lui, mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. Les principaux sacrificateurs délibérèrent de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs se retiraient d'eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.

Le lendemain, une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem, prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël!

Jésus trouva un ânon, et s'assit dessus, selon ce qui est écrit: Ne crains point, fille de Sion; Voici, ton roi vient, assis sur le petit d'une ânesse. Ses disciples ne comprirent pas d'abord ces choses; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu'elles étaient écrites de lui, et qu'ils les avaient accomplies à son égard.
Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, lui rendaient témoignage; et la foule vint au-devant de lui, parce qu'elle avait appris qu'il avait fait ce miracle.

Méditation du Père Lev Gillet

Dès le premier jour de la semaine-sainte, nous devons «recevoir» Jésus-Christ et accepter comme souveraine sa volonté sur nous. Cet accueil fait au Christ qui vient à nous est le sens du Dimanche des Rameaux. Aux vêpres du Dimanche, célébrées le samedi soir, nous lisons trois leçons de l' Ancien Testament. La première, tirée de la Genèse (49 : 1-2, 8-12), contient les derniers avis de Jacob à ses fils; ce passage a été choisi parce qu'il fait, en quelques paroles, allusion au «sceptre», à «l'âne», au «sang de la vigne» qui lave les vêtements, - toutes choses auxquelles l'entrée de Jésus à Jérusalem avant sa Passion donnent un sens nouveau : «Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda... jusqu'à la venue de celui à qui il est, à qui obéiront les peuples. Il lie à la vigne son ânon, au cep le petit de son ânesse, il lave son vêtement dans le vin et son habit dans le sang des raisins». La deuxième leçon, tirée du prophète Sophonie (3 :14-19), annonce elle aussi la présence consolante du roi : «Pousse une clameur d' allégresse, Israël... Le Seigneur roi d'Israël est au milieu de toi. Tu n'as plus de malheur à craindre». La troisième leçon est la prophétie de Zacharie (9 :9-15) qui trouva son accomplissement le jour des Rameaux : «Exulte de toutes tes forces, fille de Sion... Voici que ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, petit d'une ânesse».

Les chants de matines nous invitent à aller, nous aussi, au-devant du Roi qui vient : «Venons avec des branches louer le Christ, notre Maître... Le Seigneur notre Dieu nous est apparu; célébrons la fête. Réjouissonsnous et exaltons le Christ. De même que les rameaux et les branches, élevons nos voix vers lui dans la louange... Nous portons aussi des branches d'olivier et des rameaux, criant vers toi avec reconnaissance : «Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur». L'évangile lu à matines (Matthieu 21:1-11, 15-17) décrit l' entrée triomphale de Jésus à Jérusalem . Vers la fin des matines, l'évêque ou le prêtre prononce une prière de bénédiction sur les palmes ou rameaux qui sont ensuite distribués aux fidèles.

A la liturgie, l'épître de Saint Paul aux Philippiens (4:4-9) nous annonce la proximité du Seigneur: «Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le répète, réjouissez-vous. Le Seigneur est proche». L'évangile (Jean 12 :1-18) raconte la dernière onction sur les pieds de Jésus accomplie à Béthanie par Marie - L'Eglise rappellera notre attention sur cet épisode le matin du Mercredi Saint - puis l'entrée à Jérusalem. La bénédiction finale commence ainsi : «O toi qui, pour notre salut, a voulu être assis sur un ânon, le fils d'une ânesse... etc.».

Essayons maintenant de recueillir quelques-uns des enseignements de ce dimanche.

«Voici que ton Roi vient à toi...». Jésus vient aujourd'hui à nous comme notre roi. Il est plus que le Maître instruisant ses disciples. Il réclame de nous que nous acceptions en toutes choses sa volonté et que nous renoncions à nos désirs propres. Il vient à nous pour prendre solennellement possession de notre âme, pour être intronisé dans notre coeur.

«A toi...». C'est non seulement vers l'humanité en général aue Jésus vient. Il vient vers chacun de nous en particulier. «Ton Roi...». Jésus veut être mon roi. Il est le roi de chacun de nous dans un sens unique, entièrement personnel et exceptionnel. Il demande une adhésion, une obéissance intérieures et intimes.
Ce roi est «humble». Il vient à nous sur un pauvre animal, symbole d'humilité et de douceur. Un jour il reviendra dans sa gloire pour juger le monde. Mais aujourd'hui il écarte tout appareil de majesté ou de puissance.
Il ne demande aucun royaume visible. Il ne veut régner que sur nos coeurs : «Mon fils, donne-moi ton coeur».
Et cependant la foule avait instinctivement raison quand elle acclamait Jésus comme le roi visible d'Israël. Jésus est le roi non seulement des individus, mais des sociétés humaines. Sa royauté est sociale. Elle s' étend au domaine politique et économique aussi bien qu'au domaine moral et spirituel. Rien n'est étranger à la Seigneurie de Jésus.
La foule qui acclamait Jésus portait des palmes et des branches. Ces branches étaient probablement des rameaux d'olivier, - l'arbre que l'on rencontre le plus fréquemment près de Jérusalem. Les palmes et les rameaux d'olivier ont chacun leur signification symbolique. La palme exprime la victoire, l' olivier exprime la paix et l' onction. Allons au-devant de Jésus en rendant hommage à la fois à sa force et à sa tendresse, en lui offrant à la fois nos victoires (qui sont ses victoires) sur nous-mêmes et sur le péché et notre paix intérieure ( qui est sa paix).

«Les gens, en très grande foule étendirent leurs manteaux sur le chemin...». Jetons aux pieds de Jésus nos vêtements, nos possessions, notre sécurité, nos biens extérieurs, et aussi nos fausses apparences et par-dessus tout nos idées, nos désirs, nos sentiments. Que le roi triomphant foule à ses pieds tout ce qui est à nous. Que tout ce qui nous est précieux lui soit soumis et offert.

La foule criait : «Hosanna, Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur». Si je suis capable de prononcer cette phrase en toute sincérité et en toute soumission, si elle exprime un élan de tout mon être vers le Roi que désormais j' accepte, je me suis, à cette seconde même, détourné de mes péchés et j' ai reçu en moi Jésus Christ. Qu'il soit donc bienvenu et béni, celui qui vient à moi.

Texte extrait du livre i[L'an de grâce du Seigneur du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf]i

Lundi Saint

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Lundi Saint
Le Saint et Grand Lundi, nous faisons mémoire du Bienheureux Joseph au-beau-visage, ainsi que du figuier maudit et desséché par le Christ.

Joseph, chaste et prudent, fut prince de justice,pourvoyeur de froment et trésor de délices. Au stérile figuier, sans fruits spirituels,Le Christ a comparé les hommes infidèles: fuyons donc les passions, car nous pourrions un jour être maudits et desséchés à notre tour.

Comme les Saintes Souffrances de notre Seigneur Jésus Christ ont ici leur début, c'est Joseph qui, le premier, en présente l'image. Car il était le dernier fils du Patriarche Jacob, né de Rachel et envié par ses frères pour quelques visions qu'il avait eues en songe. Tout d'abord, il est caché dans le creux d'une fosse, et son père est trompé par sa tunique ensanglantée, comme s'il avait été dévoré par une bête fauve. Puis, pour trente pièces d'argent il est livré aux Israélites, qui le vendent à leur tour à Putiphar, le chef des eunuques de Pharaon, le roi d'Égypte.

Or, sa maîtresse s'étant fâchée contre lui à cause de la chasteté du jeune homme, parce qu'il n'avait pas voulu commettre l'iniquité avec elle, il s'enfuit en laissant son vêtement: elle le calomnia auprès de son maître, et il connut l'amertume des chaînes et de la prison. Il en fut tiré par son don d'interpréter les songes: on le mena devant le roi, et il fut établi seigneur sur toute la terre d'Égypte.

Plus tard il devint le fournisseur de froment de ses frères et, ayant bien administré toute chose de sa vie, il mourut en Égypte et, en plus de ses autres vertus, se fit une grande réputation pour sa chasteté. On peut dire qu'il est l'image du Christ, car le Christ fut envié par les Juifs, ses frères de race, vendu par un disciple pour trente pièces d'argent, enfermé dans une fosse obscure et ténébreuse, le tombeau, dont il sortit par sa propre puissance pour régner sur l'Égypte, c'est-à-dire sur toute sorte de péché; et il en triomphe jusqu'à la fin. Il est établi Seigneur sur le monde entier, et dans son amour pour les hommes, il nous rachète par le mystère où il nous distribue le froment, parce que lui-même il se donne pour nous et qu'il nous livre en nourriture le pain céleste, sa chair vivifiante. C'est donc pour cette raison que le beau Joseph a été introduit ici

Mais nous faisans aussi mémoire du figuier desséché, parce que les divins Évangélistes, à savoir Mathieu et Marc, en parlent après le récit des Rameaux: «Au matin, comme Il sortait de Béthanie, Il eut faim» et l'autre dit: «Comme Il retournait à la ville, de bon matin, Il eut faim. Apercevant un figuier près du chemin, Il s'en approcha, mais n'y trouvant que des feuilles et non des fruits (car ce n'était pas la saison des figues), Il lui dit- Jamais plus tu ne porteras de fruit! Et à l'instant même le figuier sécha.» Le figuier, c'est la synagogue des Juifs, en laquelle le Sauveur n'a pas trouvé le fruit qu'il attendait, mais seulement le feuillage ombreux de la loi, et le créateur de l'univers leur ôte cette chose vaine.

Mais quelqu'un pourrait dire: «Pourquoi l'arbre insensible devient-il sec, recevant la malédiction sans avoir péché?» Pour qu'on sache que les Juifs, ayant vu le Christ toujours bienfaisant envers tous et ne faisant aucun mal à personne, ont jugé qu'il avait seulement le pouvoir de faire du bien, et non celui de faim du mal. Mais ce n'est pas ce que le Maître qui nous aime voulait montrer aux hommes; et Il fit cela pour que les ingrats sachent avec certitude qu'Il a suffisamment de pouvoir pour les châtier, même si Celui qui est bon ne désire pas exercer le châtiment sur une nature inerte et insensible. En même temps, il y a quelque parole ineffable qui nous vient de très-sages Pères spirituels. Comme dit Isidore de Péluse, l'arbre de la transgression fut celui dont les transgresseurs utilisèrent les feuilles pour se couvrir.

C'est pourquoi il est maudit par le Christ, dans son amour pour l'humanité, car il n'aurait pas souffert cela, si le figuier n'avait pas donné un fruit responsable de la transgression. Et que la transgression peut être comparée à cet arbre, c'est bien évident, car on trouve en lui la douceur du plaisir, la glu du péché, puis la rugosité et l'amertume de la conscience Ensuite, l'histoire du figuier a été mise ici par les Pères pour susciter la componction, de même que celle de Joseph pour sa ressemblance avec le Christ. Le figuier, c'est l'âme étrangère à tout fruit de l'Esprit: lorsqu'au matin, c'est-à-dire après la présente vie, le Seigneur n'y trouve pas de conversion, Il la dessèche par la malédiction, et elle devient une colonne sèche, terrifiant ceux qui n'ont pas produit le digne fruit des vertus.

Cette vie de Saints est tirée du :
"Triode de Carême", Diaconie Apostolique 1993

Le pape François met à pied d’égalité le génocide des arméniens, la Shoah et les crimes de Staline

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Le pape François met à pied d’égalité le génocide des arméniens, la Shoah et les crimes de Staline
Lors d’une liturgie arménienne officiée à la basilique Saint Pierre à l’occasion du premier centenaire du début de l’extermination des arméniens le pape François a évoqué « le premier génocide du XX siècle ». Il considère ces évènements comme équivalents aux crimes perpétrés par le régime stalinien.

« Taire ou nier la réalité du mal est comparable à une plaie qui saigne et que l’on ne soigne pas ». La Turquie nie la notion même de génocide et, il y a deux ans, a vigoureusement protesté contre l’usage de ce terme. Lien

«Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme le premier génocide du XXe siècle a frappé votre peuple arménien», a poursuivi le pape François en citant un document signé en 2001 par le pape Jean-Paul II et le patriarche arménien.

Le pape François met à pied d’égalité le génocide des arméniens, la Shoah et les crimes de Staline
«Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d'autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie» Le Figaro

Selon un sondage d’opinion effectué par le centre Levada 45% des russes considèrent que les sacrifices tragiques qu’a souffert le peuple soviétique lors de la période stalinienne peuvent être justifiés par les résultats obtenus. 57% des sondés estiment qu’on ne saurait dire que Staline était un criminel d’Etat.

Selon un sondage d’opinion effectué par le centre Levada 45% des russes considèrent que les sacrifices tragiques qu’a souffert le peuple soviétique lors de la période stalinienne peuvent être justifiés par les résultats obtenus. 57% des sondés estiment qu’on ne saurait dire que Staline était un criminel d’Etat.
Traduction " PO"

Le pape François met à pied d’égalité le génocide des arméniens, la Shoah et les crimes de Staline

Eglise cathédrale des Trois Docteurs, Dimanche des Rameaux

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Eglise cathédrale des Trois Docteurs, Dimanche des Rameaux
Le 24 avril 2016 l’évêque Nestor a présidé la divine liturgie selon Saint Jean Chrysostome. Lui concélébraient l’archiprêtre Nicolas Rehbinder, recteur de la paroisse, le père Maxime Politov, secrétaire de l’administration diocésaine, le père Ioan Dimitrov, les protodiacres Alexis Sobolev et Nicolas Rehbinder, les diacres Georges Shechko et Antoine Ivachine.

Lors de la petite entrée le père Ioan Dimitrov a été, à l’occasion de la fête de Pâques, décoré du droit du port du kamélaukion. Le diacre Antoine Ivachine a obtenu le droit du port du double orarion.

Eglise cathédrale des Trois Docteurs, Dimanche des Rameaux
Monseigneur Nestor a prononcé une homélie consacrée à l’entrée de Notre Seigneur Jésus Christ à Jérusalem. Il a appelé les fidèles à consacrer à la prière chacun des sept jours de la semaine Sainte qui commence.

Ensuite, sur la bénédiction du patriarche Cyrille, Monseigneur Nestor a décoré Xenia Krivochéine de l’ordre de Sainte Euphrosine III degré, récompensant ainsi le travail qu’elle accomplit pour le bien de l’Eglise. Xenia Krivochéine a été récemment nominée pour obtenir le prix littéraire du patriarcat.
Lien Traduction "PO"

Eglise cathédrale des Trois Docteurs, Dimanche des Rameaux

Le Saint et Grand mardi, nous faisons mémoire de la parabole évangélique des Dix Vierges.

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Le Saint et Grand mardi, nous faisons mémoire de la parabole évangélique des Dix Vierges.
Dix vierges font cortège au plus grand des Mardis tiens ta lampe allumée, ne sois pas étourdi!

Pourquoi le Seigneur, entré à Jérusalem afin d'y accomplir Sa Passion, propose-t-il de telles paraboles à Ses disciples: ce sont, dit-Il, des paraboles qui s'appliquent aussi aux Juifs. En effet, Il raconte la parabole des dix vierges en portant l'attention sur la miséricorde, et en même temps Il enseigne à tous à être prêts avant la fin. Car sur la virginité, Il leur a parlé plusieurs fois, ainsi que sur les eunuques. Certes, beaucoup de gloire s'attache à la virginité, elle est grande, en vérité. Mais afin que nul, en pratiquant cette vertu, ne néglige les autres, et surtout la miséricorde, dont s'éclaire la lampe de la virginité, le Saint Evangile propose cette parabole .

Le Saint et Grand mardi, nous faisons mémoire de la parabole évangélique des Dix Vierges.
Il présente donc cinq vierges prudentes, qui ont joint à la virginité l'huile abondante de la miséricorde, et cinq insouciantes, qui certes possèdent elles aussi la virginité, mais sans qu'elle soit assortie de la miséricorde.

Car les insouciantes, puisqu'elles possédaient le plus, ont négligé le moins et, en cela, ne se sont distinguées en rien des débauchées : si ces dernières ont manqué dans leur corps, celIes-là ont manqué dans leurs biens. Or, la nuit de cette vie étant arrivée, toutes les vierges se sont endormies, c'est-à-dire qu'elles moururent, car ici le sommeil signifie la mort. Tandis qu'elles dormaient, un cri se fit entendre au milieu de la nuit, et celles qui avaient assez d'huile lorsque les portes s'ouvrirent, entrèrent avec l'Epoux, tandis que les insouciantes, qui n'avaient pas assez d'huile, le cherchèrent dans les ténèbres. Les prudentes, même si elles avaient voulu leur en donner, ne le pouvaient pas; et avant la venue de l'Epoux, elles leur dirent: «Cela ne suffirait pas pour nous et pour vous; allez chez les marchands, c'est-à-dire chez les riches, pour en acheter!» Evidemment, après la mort, cela n'est pas possible. La parabole de Lazare et du mauvais riche le montre bien, lorsqu'Abraham dit qu'on ne peut passer d'un endroit à l'autre. Mais les insouciantes s'avancent maintenant, avec la lumière qu'elles ont trouvée, et elles s'écrient en frappant à la porte: «Seigrieur, Seigneur, ouvre-nous!» Et le Seigneur leur donne cette terrible réponse: «Allez-vous-en, je ne vous connais pas! Comment pourriez-vous rencontrer l'Epoux sans avoir votre dot, c'est-à-dire la miséricorde?»

Voilà pourquoi cette parabole des dix vierges a été placée ici, par ordre des Pères Théophores, pour nous enseigner à être toujours vigilants, prêts à rencontrer le véritable Epoux, grâce à nos oeuvres de bien, principalement la miséricorde, car on ne connaît ni le jour ni l'heure de la fin. Il faut donc, comme Joseph, conserver la chasteté, mais il faut aussi que notre figuier produise en toute saison des fruits spirituels. Celui qui pratique cette unique, et certes très grande, vertu et qui néglige les autres, en particulier la miséricorde, n'entre pas avec le Christ dans l'éternel repos, mais s'en retourne confondu. Il n'est rien de plus triste et déshonorant qu'une virginité qui manque de ce bien. Suite calendrieegliseorthodoxe

Великий Вторник. Притча о десяти девах. Современная греческая фреска

L'ÉGLISE RUSSE COMMENTE LES PROJETS DE DOCUMENTS DU CONCILE

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V. Golovanow

"Le fait que, avec d’autres, nous avons identifié de sérieux manques dans quelques-uns des documents proposés à l’examen du futur Concile, ne doit provoquer ni crainte, ni anxiété."

Communiqué du synode de l’Église orthodoxe russe à l'étranger (l'EORHF ).

Deux documents importants ont été publiés par l'Église russe à propos de la préparation du Concile panorthodoxe et des projets de documents qui ont été rendus publique après la synaxe des 21 - 28 Janvier 2016:
- Un communiqué du synode de l’Église orthodoxe russe à l'étranger (l'EORHF ) critiquant les projets de documents.
- Une déclaration du métropolite Hilarion de Volokolamsk, chef du Département des Relations Ecclésiales Extérieures et porte-parole du patriarcat de Moscou, sur les différentes critiques formulées à propos de ces documents.

1. LE COMMUNIQUE DE ROCOR RUSSE

«À la lumière de la publication de documents qui doivent être examinés lors du futur Concile panorthodoxe en Crète du 16 au 27 juin 2016, le synode des évêques de l’Église orthodoxe russe à l'étranger a procédé à l’examen des textes concernés, à l’instar de nombreux hiérarques, clercs et laïcs qui continuent la préparation au grand Concile, et souhaite communiquer à son troupeau gardé de Dieu et à tous les propositions que nous soumettons car les documents du Concile éveillent l’intérêt et chez beaucoup provoquent des questions…» dit un long Communiqué du synode de l'EORHF qui commente les projets de documents du futur Concile panorthodoxe et propose des amendements. Comme ce communiqué est disponible en russe et en anglais (http://www.synod.com/synod/2016/20160413_synodposlaniye.html; http://www.synod.com/synod/eng2016/20160413_ensynodposlaniye.html), nous en proposons une analyse synthétique.

Le document précise d'abord que la plupart des textes préparés, "qui ne sont toutefois que des projets et doivent être considérés comme tels, ne provoquent pas d'inquiétude et contiennent même des explications importantes (comme par exemple le document sur l'Autonomie et la façon de la proclamer), en revanche l’usage, dans certains textes, de termes qui laissent place à une double interprétation, l’absence d’exactitude théologique et l’utilisation d’un langage ecclésiologique étranger à la sainte Tradition de l’Église nécessitent des commentaires qui peuvent mener à la correction du texte entier».

Trois documents retiennent particulièrement l'attention:

- «Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien» apparait pour le synode de l'EORHF "comme le plus discutable des documents préconciliaires": le communiqué reprend les critiques des métropolites de Neupathe et de Limassol à propos de la définition de ce qu'est l'Église qui interdirait aux autres confessions chrétiennes d'être considérées comme telles et proclame que "la seule unité envisageable pour les Orthodoxe doit être le 'retour' de tous les autre en son sein…" Le communiqué considère comme une action bénéfique le dialogue théologique interchrétien, mentionné au point 23 du projet document préconciliaire, mais s'inquiète du refus "de toute pratique prosélyte ou antagonisme interchrétien." Soulignant que la Mission est le devoir des Orthodoxes, le communiqué souhaite que le terme "prosélytisme" soit précisé et que le refus ne concerne que les pratiques qui mèneraient à exacerber les antagonismes interchrétiens.

- «La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain» , pose des questions plus profondes qui touchent à la théologie et réclament des corrections. Le projet de document utilise partout le terme de "personne humaine", introduit par Lossky il y a 75 ans, au lieu du terme patristique "homme" utilisé dans le langage liturgique. Ceci crée une grave confusion puisque le terme "Personne" renvoi aux Personnes de la Trinité ou bien à la Personne unique de Jésus Christ dans Sa double nature. Et cela mène à une conception anthropologique erronée de la relation entre l'humanité et la Sainte Trinité. "Il y a pourtant beaucoup de choses très intéressantes dans ce projet de document, en particulier concernant la liberté de l'homme, le soutien de la paix et de la justice, la lutte contre les discriminations, la dénonciation de l'idéologie de la consommation et de la sécularisation dans la culture contemporaine, etc. Tout cela constitue des objectifs dignes et pieux, mais ils ne doivent pas être atteints par l'utilisation de concepts anthropologiques et théologiques erronés; pour pallier cette difficulté il est proposé de remplacer systématiquement l'expression "personne humaine" par "homme."

- Le "Règlement du Concile" pose des problèmes de procédure: il s'agit essentiellement du fait que tous les évêques orthodoxes ne pourront être présents au Concile ni participer individuellement aux votes mais seront substitués par la procédure inédite d'un vote des Églises locales. De ce fait la réunion panorthodoxe de 2016 ne sera pas un concile par sa nature mais une conférence panorthodoxe, "ce qui ne signifie pas qu'elle ne puisse devenir importante et amener le dialogue et la coopération interorthodoxe à un nouveau niveau..."

Conclusion:

«Nous avons préparé les remarques susmentionnées, afin de proposer à l’examen du futur Concile certaines corrections importantes aux documents, dans l’esprit d’une collaboration fraternelle, (…) et aussi afin d’assurer au troupeau préservé de Dieu qui nous est confié par le Christ que les pasteurs eux-mêmes portent une attention particulière à la tâche qui leur est impartie d’étudier les documents» précise le communiqué qui conclut: «Ce type de textes passe par bien des stades de préparation et de révision, maintenant comme par le passé, et le fait que, avec d’autres, nous avons identifié de sérieux manques dans quelques-uns des documents proposés à l’examen du futur Concile ne doit provoquer ni crainte, ni anxiété»...

Commentaire du rédacteur V.G.

Ce communiqué argumente de façon très détaillée les critiques et propositions de modification des projets de documents publiés mais ne remet aucunement en cause la tenue et la portée du Concile panorthodoxe, même s'il propose de le requalifier en "Conférence panorthodoxe". Il illustre en fait la position spécifique de l'EORHF dans l'Orthodoxie: c'est une juridiction de l'Église russe qui jouit d'une très grande autonomie, un peu comme l'Église autonome d'Ukraine, et elle le démontre par cette critique positive des documents que le concile épiscopal de l'Église russe avait soutenu sans faire de commentaires. Séparée de l'Église russe pendant 80 ans, ROCOR a souvent des positions plus conservatrices que la hiérarchie du patriarcat, ce qui transparait bien dans ces critiques.

2. LA DÉCLARATION DU MÉTROPOLITE HILARION

Au cours d'une conférence sur la préparation du Concile panorthodoxe, qui s'est déroulée à Moscou le 20 avril, le métropolite Marc de Berlin, d'Allemagne et de Grande Bretagne a exposé les réserves de l'EORHF mentionnées ci-dessus; d'autres intervenants ont développé les argumentations de certains hiérarques grecs et chypriotes qui vont plus loin dans la critique des projets de documents, voire contestent la tenue du Concile. Dans sa déclaration, le métropolite Hilarion a déclaré que le patriarcat de Moscou comprenait l'importance de la critique positives des projets de documents.

"Je considère que ces critiques sont importantes pour que les décisions qui seront ensuite prises par le Concile ne rencontrent pas l'opposition de nos croyants. Il vaut mieux écouter ces critiques d'abord, les prendre en considération et les transmettre au Concile plutôt que de voir cette vague critique déferler après le Concile," a déclaré le prélat en précisant qu'il s'agissait de "critiques théologiques sérieuses et constructives émanant de prélats et de théologiens" et non "de critiques provocatrices répandues pour miner l'unité de l'Église." Et il a affirmé que tous les efforts seront faits pour améliorer les projets de documents dont les propositions de modifications seront portées par le patriarche Cyrile.

Il est ensuite revenu sur la procédure du vote au Concile en précisant que l'Église russe avait proposé dès le début d'inviter tous les évêques orthodoxes pour que les positions votées au Concile reflètent à tout le moins les opinions de la majorité d'entre eux. Mais la réponse fut qu'il était impossible de réunir autant d'évêques il a été décidé que chaque Église locale en enverrait un nombre égal. "On a d'abord parlé de 12, puis 20 et on est enfin tombé d'accord sur 24. Cela signifie que tous les évêques de certaines Églises locales pourront participer mais pour d'autres, qui peuvent compter jusqu'à 350 évêques comme la nôtre, il n'y en aura qu'une proportion infime. Dans ces conditions, la seule solution acceptable, sur laquelle nous avons insisté, était qu'il n'y eut qu'une voix par Église locale lors des votes."

Revenant sur les rumeurs concernant le statut du Concile et sa capacité à modifier les dogmes orthodoxes, le primat a tenu à préciser: "le Concile panorthodoxe ne sera pas le VIIIe Concile œcuménique. Son format, qui a été décidé après une longue concertation, diffère de celui des conciles œcuméniques. Les décisions du Concile panorthodoxe auront une autorité panorthodoxe comme le précise son règlement, qui diffère de l'autorité des Conciles œcuméniques qui ont formulé les bases théologiques et canoniques de la foi de l'Église orthodoxe car la prise de ce genre de décision par le Concile panorthodoxe n'est pas prévue."





Mercredi Saint

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Mercredi Saint
Père Lev Gillet
Semaine Sainte - Jeûne
Sexte: Ezéchiel 2,2-3,3

"Comme la voix me parlait, l'Esprit vint en moi, Qui me fit mettre debout; et j'entendis Celui qui me parlait. "Fils d'homme, me dit-Il,Je t'envoie vers les Israélites, vers cette nation de rebelles qui se sont révoltés contre Moi, qui ont, autant que leurs pères, péché contre Moi jusqu'à ce jour. C'est vers ces fils à la face dure et au coeur insensible que Je t'envoie. Tu leur diras: Oracle du Seigneur Dieu - Qu'ils t'écoutent ou non, car c'est une engeance rétive, ils sauront qu'il y a un prophète au milieu d'eux. Quant à toi, fils d'homme, ne les crains pas, ne t'effraie point de leurs propos, bien que tu sois au milieu de ronces et d'épines et que tu habites parmi des scorpions; ne te laisse pas intimider par leurs propos ni effrayer par leur attitude, car c'est une engeance rétive. Tu leur transmettras Mes oracles, qu'ils t'écoutent ou non, car c'est une engeance rétive. "Et toi, fils d'homme, écoute ce que Je te dis: ne sois pas rebelle comme cette engeance de révoltés. Ouvre la bouche et mange ce que Je vais te donner." Je regardai, et je vis s'avancer une main qui tenait un manuscrit roulé. Il fut déployé devant moi: il était couvert d'écriture au recto et au verso: c'étaient des chants de deuil, des plaintes et des gémissements . "Fils d'homme, me dit-il, mange le rouleau que voici, puis, va parler à la maison d'Israël." J'ouvris la bouche, et Il me le fit avaler. "Fils d'homme, me dit-Il, nourris ton corps, emplis ton ventre avec ce rouleau que Je te donne." Je le mangeai donc, et dans ma bouche il était doux comme le miel."

1ères Vêpres: Exode 2,11-22
2èmes Vêpres: Job 2,1-10

Annonce de la Passion: Ezéchiel 2,2-3,3 LXX, en particulier le verset 3,3: "Fils d'homme, me dit-il, nourris ton corps, emplis ton ventre avec ce rouleau que Je te donne." Je le mangeai donc, et dans ma bouche il était doux comme le miel."
Dieu S'est révélé Lui-même dans une vision à Ezéchiel, alors que ce dernier "se trouvait parmi les déportés" (Ez. 1,1) à Babylone. Le prophète, et le peuple de Dieu avec lui, avaient été esclaves depuis quelque 5 ans déjà. Le moment de la destruction de Jérusalem se rapprochait, où ceux du Peuple de Dieu encore vivants en Judée allaient affronter la mort, ou la déportation et l'esclavage.

Au fur et à mesure que la vision se déployait (Ez. 1,1-2,2), les merveilles et la gloire célestes furent révélées au prophète. Ensuite Dieu mandata Ezéchiel pour proclamer de bien amères vérités auprès de Son Peuple élu. La tâche promettait de se voir opposer une forte résistance et des menaces (Ez. 2,6). Le Seigneur explique que la résistance du Peuple serait la même résistance que celle que le Seigneur avait déjà provoquée contre eux. Dès lors, Ezéchiel devait s'attendre à des regards durs, des coups de rage et de colère, des paroles terribles, et des menaces contre sa vie (v. 2,6). Comme il arrive si souvent avec les vérités difficiles à supporter, le messager et son message doivent faire face à une opposition déterminée, résolue et féroce. Bien-aimés, notez que la vision révèle que la vie d'Ezéchiel témoigne pour lui, par cela il devient un type [cfr typologie; ndt] du Seigneur Jésus – son ministère préfigurant et annonçant la Passion du Christ. De même qu'Ezéchiel était né pour une vie d'affliction, ainsi aussi le Seigneur, en assumant notre chair, a assumé un ministère qui s'acheva par Sa Crucifixion et Sa mort, mais avec la douceur finale et le triomphe de la Résurrection.

Dieu appela Ezéchiel "fils d'homme" (v. 2,3), un hébraïsme habituel pour aborder, que le Seigneur Jésus adopta d'ailleurs pour faire référence à Lui-même (cf. Mt. 8,20, Mc. 14,41; Jn. 3,13). Dieu utilisa cette manière d'adresser pour franchir le gouffre évident entre la terrible nature divine – exprimée dans la vision – et la nature finie de Son serviteur, le prophète Ezéchiel. L'usage du terme "fils de l'Homme" par le Seigneur Jésus comme manière de faire référence à Lui-même – exprime de manière similaire la condescendance envers l'humanité et l'unité dans notre condition déchue. Dans les 2 cas, Dieu part de l'infini pour atteindre le limité.

De plus, remarquez les mots utilisés par Dieu lorsqu'Il mandate le prophète : "Je t'envoie vers les Israélites" (v. 2,3). Souvent, le Seigneur rappela à ceux à qui Il parlait qu'Il avait été envoyé de Dieu vers les Israélites (cf. Mt. 10,40; Mc. 12,6; Lc. 4,18; Jn. 5,23). La vie d'Ezéchiel annonçait la description du Christ par saint Paul, comme étant Celui Qui "S'humilia" Lui-même, "ne retenant pas le rang qui était Sien", acceptant d'être "esclave" pour tous – car Dieu appela Ezéchiel à accepter le rejet de la part de ses compagnons d'esclavage et concitoyens (cf. Phil. 2,7-8).

Ezéchiel était aussi un type du Seigneur Jésus parce que lorsque Dieu appela le prophète pour parler en Son Nom, Il lui ordonna "tu transmettras Mes oracles" (v. 2,4; 2,7), après avoir mangé – ou reçu – la Parole de Dieu – dans le sens de la prendre à coeur (v. 8). Par dessus tout, Ezéchiel avait à assimiler intérieurement la Parole de Dieu (v. 3,1). Observez comment, de la sorte, Ezéchiel préfigurait aussi le Seigneur Jésus, car le Christ a dit : "De Moi-même, Je ne puis rien faire: Je juge d'après ce que J'entends; et Mon jugement est juste, parce que Je ne veux pas faire Ma volonté, mais la volonté de Celui qui M'a envoyé" (Jn. 5,30).

Pour finir, le prophète est un type du Christ parce que le message que Dieu "présente à" Ezéchiel sur le rouleau céleste était rempli de "chants de deuil, des plaintes et des gémissements" (v. 2,10), et cependant Ezéchiel accepta de le recevoir, et ce lui fut doux comme le miel. Dans son existence servile à Babylone, le prophète obéissait constamment à Dieu – même au risque de mourir (v. 2,6). En cela, l'oreille de la Foi entend le Christ au jardin de Gethsemani, disant "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de Moi! Toutefois, non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux" (Mt. 26,39). Il entre dans la Passion avec le miel de la Résurrection en Sa bouche, pour le bien de tous ceux qui choisiront de Le suivre.

O Seigneur compatissant, je magnifie Ta Passion, avec Ta Résurrection: gloire à Toi.

Jeudi Saint, la Cène mystique du Seigneur

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Jeudi Saint, la Cène mystique du Seigneur
La liturgie du Jeudi Saint se compose, dans la tradition byzantine, de trois grands offices : les matines, le rite du lavement des pieds – réservé au rituel pontifical – et les vêpres avec la liturgie de Saint-Basile. Trois événements sont au centre de la liturgie de ce jour : la trahison de Judas, la manifestation de l’humilité du Seigneur et la Cène avec les disciples, appelée dans la tradition orthodoxe « repas mystique ».

Aucune autre fête, pas même celle de la Nativité, n’est dotée de prières aussi riches sur le plan christologique que le Jeudi Saint. C’est au soir de la Pâque juive, au cours du repas rituel commémorant la sortie d’Égypte du peuple hébreu, que le Roi d’Israël se fait connaître à ses disciples et découvre la nature véritable de son alliance avec l’humanité. Ainsi, le dernier dîner du Seigneur avec les apôtres est non seulement mystique, mais aussi mystagogique.

« Lors de ce dîner, tu as révélé aux initiés l’immense mystère de ton incarnation » : l’incarnation de Dieu est l’alliance éternelle que Dieu promettait à Abraham et qu’il a enfin accomplie à la fin des temps.

Jeudi Saint, la Cène mystique du Seigneur
La Pâque, immolée désormais « à l’intérieur de nous », reçoit son sens plénier, tout comme ses attributs rituels (le pain, l’agneau, le sang sur les portes) : c’est « le Christ consommé sous forme de pain et pour nous offert en sacrifice comme un agneau ». Le sang salutaire qui autrefois a sauvé les Hébreux de l’ange exterminateur est celui de « la Sagesse de Dieu, infinie, source de toute chose et origine de la vie, qui s’est fait une demeure à partir de la Mère immaculée et qui s’est doté d’un temple corporel ».

Les textes liturgiques du Jeudi Saint reflètent le long cheminement de l’Église vers la connaissance du Christ, à travers des siècles de controverses : « Je suis l’homme par nature, non en apparence. Ainsi, en vertu de cette communication, la nature qui m’est unie devient Dieu elle aussi. Sachez donc que suis le Christ, un dans deux natures et à partir d’elles ». La tradition place ici dans la bouche du Seigneur le résumé de l’enseignement des conciles œcuméniques sur le mystère de l’incarnation. La dualité est le leitmotiv de la liturgie du Jeudi Saint, de même que la dualité des natures du Verbe incarné est le cœur de la christologie orthodoxe. Il y a deux Pâques : celle de la loi et celle de la grâce ; deux mets de la Cène : le Corps et le Sang ; deux disciples : celui qui aime (Jean) et celui qui vend son Maître (Judas) ; deux Adam : celui qui trahit son Prototype (Judas) et celui qui restaure l’image de Dieu (Jésus).

Les textes liturgiques ne cessent d’opposer à l’appauvrissement et à l’humilité du Créateur la cupidité et l’orgueil de Judas.
Dans la trahison de l’Iscariote, les auteurs des hymnes discernent avec horreur l’aboutissement de la chute de l’homme et l’actualisation de l’apostasie d’Adam. Les réponses hypocrites de Judas et ses regrets tardifs sont comme une odieuse imitation de la conduite du premier homme au jardin d’Éden. L’un a préféré à la communion avec Dieu le fruit néfaste de la connaissance du bien et du mal. L’autre a choisi l’argent à la place du Corps vivifiant de l’Agneau. «Ses mains qui ont reçu le Pain, le traître les tend furtivement pour recevoir le prix de Celui qui a façonné l’homme de ses propres mains ». Et plus loin : « Judas l’Iscariote oublie les lois de l’amitié : ses pieds que tu as lavés le portent à la trahison ; ayant mangé ton Pain et reçu ton divin Corps, ô Christ, il te tend un piège ». En effet, il n’a pas su ou n’a pas voulu voir que « le Seigneur qui jadis, lorsqu’il se promenait à la brise du soir, troubla le Paradis par le bruit de son pas, c’est lui qui, aujourd’hui, lave les pieds de ses disciples, au soir du Grand Jeudi ».

Avec la mort de Judas, c’est Adam-ennemi de Dieu qui disparaît. Avec la Passion du Christ, c’est la sentence du Créateur à l’égard du premier homme qui prend fin. La parenthèse ouverte par la désobéissance d’Adam est fermée par le Fils de l’homme qui a été « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! » (Ph 2, 8)

Hiéromoine Alexandre ( Siniakov)

Selon la légende, après la Sainte Cène, le Christ a lavé les pieds à ses apôtres. Ce rite ancien était largement pratiqué par l’Église Orthodoxe russe avant la révolution de 1917 et n’a été réhabilité qu’en 2009 par le patriarche Cyrille. Le chef de l’Église Orthodoxe russe lave traditionnellement dans la grande cathédrale du Christ Sauveur les pieds de 12 prêtres dont le nombre correspond à celui des apôtres. A propos, chez les chrétiens d’occident, l’évêque lave les pieds des simples fidèles. C’est le Jeudi Saint que toutes les églises orthodoxes russes commencent à cuire la myrrhe, mélange à base de 50 ingrédients dont de l’huile d’olive, des herbes et des gommes aromatiques, qui est utilisée dans le mystère d’onction qui suit le baptême.

Dans la Russie orthodoxe, le Jeudi Saint est souvent appelé « Pur » parce que c’est à partir de ce jour-là que les fidèles commencent à se préparer à la fête de Pâques, font le ménage, peignent les oeufs et cuisent les gâteaux de Pâques. Chez les chrétiens d’occident, le Jeudi Saint est également appelé « le Jeudi de la Réconciliation » parce que ce jour-là, les pécheurs ayant fait leur pénitence publiquement, pouvaient retourner au giron de l’église

Le Seigneur, qui jadis, lorsqu'Il se promenait
à la brise du soir, troubla le Paradis
par le bruit de son pas, vient aujourd'hui laver
les pieds de Ses disciples, au soir du Grand Jeudi.


En ce Repas Sacré, doublement s'accomplit
la Pâque de la Loi, où le Christ nous révèle
en Son Corps et Son Sang une Pâque nouvelle.

Et puis, c'est la prière et la suprême angoisse,
et la sueur de sang, le calice qui passe!

Pourquoi venir chercher, avec glaive et bâton,
celui qui veut mourir pour notre rédemption ?

QUE DIT LE PEUPLE DE DIEU?

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"… chez nous des innovations n'ont pu être introduites ni par les Patriarches, ni par les Conciles; car chez nous la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Eglise, c'est-à-dire dans le Peuple lui-même qui veut que son dogme religieux reste éternellement immuable et conforme à celui de ses Pères, ..."

"Encyclique des Patriarches orientaux", §17,

Partant de ce principe fondamental de l'Orthodoxie que "la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Eglise, c'est-à-dire dans le Peuple lui-même", tout le monde s'essaye à faire parler le Peuple de Dieu pour lui faire dire ce qu'il veut entendre... Mais l'Orthodoxie n'est pas une démocratie et il n'y a pas de méthode efficace pour entendre la voix du Peuple: ou bien il faut s'en tenir aux proclamation des évêques en concile, car c'est bien leur rôle de proclamer le dogme religieux que garde le Peuple, ou il faut attendre que le Peuple "reçoive" ou rejette une innovation...

... L'exemple le plus connu de la manifestation du Peuple contre la hiérarchie épiscopale est évidement celui du concile de Florence (XVe siècle) dont la décision d'union a été approuvée par la quasi-totalité des évêques (seuls Marc d’Ephèse et Isaïe de Stavropolis s'y opposèrent) mais a ensuite été rejetée par toutes les Églises...

Mais qu'en est-il aujourd'hui? Nous n'avons pas de moyens pour donner une réponse générale à cette question, mais nous allons étudier trois exemples concrets qui illustrent bien la complexité du problème: il s'agit de l'attitude face au jeune du Grand Carême, face à la préparation du Concile panorthodoxe et face au rapprochement avec les Catholiques. Dans les trois cas le Peuple de Dieu réagit mais le sens de ces réactions n'est pas toujours évident.

L'ATTITUDE FACE AUX REGLES DU GRAND CAREME,

Nous commençons par cette question car nous avons un début de réponse statistique concernant la Russie qui peut probablement être étendue à l'ensemble de l'Orthodoxie: la Russie en constitue le plus important groupe national et les pays voisins ressortent de la même culture historique, de l'empire russe à l'URSS… Il s'agit bien entendu là d'une première approximation car certains autres groupes orthodoxes peuvent avoir des réactions différentes. Mais nous n'en avons trouvé aucun élément documenté et, au contraire, comme nous le verrons plus loin, il y a des indices qui permettent de penser que la position des Russes face au Carême se retrouve aussi largement ailleurs.

Les sondages récents des deux principaux instituts d'études sociologiques russes, le centre Levada et le VCIOM, donnent des résultats très proches: alors que 70-75% des Russes se disent Orthodoxes, il n'y en a que 25-30% qui pratiquent "régulièrement" (au moins une fois par mois) et la même proportion des sondés dit avoir l'intention de "faire le Grand Carême". On peut raisonnablement en conclure qu'il s'agit des mêmes personnes, qui sont ecclésialisées et informées des règles de l'Église qu'ils ont l'intention de respecter. C'est probablement la meilleure approche du Peuple de Dieu que nous ayons à notre disposition…

Ces mêmes sondages vont plus loin dans le détail et montrent que seuls 1/5 de ces pratiquants orthodoxes respectent les règles du jeune dans toute leur rigueur; les autres 4/5 pratiquent un jeûne "allégé": ils suppriment la viande. le tabac, l'alcool, la télévision… , ne jeûnent que durant la Semaine Sainte. Très souvent ils le font en accord avec leur confesseur.

Un document proposant d'alléger les règles du jeune avait été présentée en 1971 par l’Église orthodoxe serbe soutenue par certaines délégations lors des débats préconciliaires (ce qui nous fait penser que les croyants de plusieurs Églises ont une attitude proche des Russes sur ce sujet) et adopté à l'époque comme base de la décision. Il proposait une réforme substantielle qui allégeait la discipline du jeûne pour tous les carêmes... "Ces assouplissements étaient fondés sur le fait que les dispositions en vigueur sur le jeûne s’adressent, dans une grande mesure, aux moines, et que de nombreux autres chrétiens éprouvent des difficultés à les observer «pour diverses raisons – climat, façon de vivre, difficultés de se procurer de la nourriture de carême, etc.» … Il constatait que «la majorité des fidèles dans la société contemporaine n’observe pas toutes les dispositions concernant le jeûne en raison des difficultés des conditions de la vie contemporaine. Tout cela exige que les carêmes deviennent plus faciles et, en partie, que leur durée soit abrégée, afin que les fidèles ne se posent pas «des questions de conscience» pour avoir transgressé les strictes dispositions ecclésiales qui enveniment leur vie spirituelle»." (cf. https://mospat.ru/fr/2011/11/03/news50923/.) C'était donc clairement un projet de prendre en compte la pratique de la plus grande partie des fidèles pour redéfinir les règles de l’enseignement ecclésial sur le jeûne …

Ces propositions furent rejetées lors de la réunion préconciliaire de 1986 et le projet de texte qui doit être présenté au Concile revient aux règles traditionnelles en laissant la question de l’économie relative à discipline du jeûne à « la considération spirituelle des Églises locales orthodoxes…» Il est bien évident que ce texte ne changera rien au comportement des croyants et le Peuple de Dieu continuera à pratiquer des variantes allégées individuelles des différents carêmes.

FACE A LA PREPARATION DU CONCILE PANORTHODOXE

La tenue du Concile rencontre une forte opposition dans les milieux les plus conservateurs, voire fondamentalistes, de l'orthodoxie. À côté de "critiques théologiques sérieuses et constructives émanant de prélats et de théologiens" et il y a aussi nombre "de critiques provocatrices répandues pour miner l'unité de l'Église" selon les paroles du métropolite Hilarion de Volokolamsk: "des feuillets anonymes, distribués parfois dans nos églises, et dans lesquels la perspective de la convocation du concile est considérée comme quelque chose d’effrayant. On y trouve même parfois des appels à cesser la communion avec les autres Églises locales. On épouvante les fidèles à l’idée que le futur concile deviendrait celui de «l’Antéchrist», parce que l’on y prendrait prétendument des décisions contraires à l’enseignement de l’Église, à ses dogmes, ses canons et ses règles." (Ibid.)

L'impact de ces prises de positions reste difficile à mesurer: si un grand nombre de groupes non canoniques en ont de longue date fait leur cheval de bataille, les hiérarques des Églises canoniques ne les reprenaient pas leur compte. Cette situation a toutefois changé fin 2015 – début 2016, quand la date du Concile a été fixée et les projets de documents publiés: plusieurs évêques de renom, connus pour leurs positions conservatrices, se sont fait l'écho de cette opposition dans différentes Églises canoniques. Toutefois, en règle générale ils ne refusent pas la tenue du Concile en lui-même, mais en contestent certains projets de texte, le mode de représentation et de prise de décisions ou la portée des décisions qui seraient proclamées.

La direction des Églises locales, très engagée dans la préparation du Concile, n'a officiellement pas changé de position (à l'exception notable de l'Église de Géorgie dont l'opposition à plusieurs projets de textes a été confirmée au plus haut niveau.) Mais des ouvertures peuvent être enregistrées comme celle de l'Église russe qui a annoncé "comprendre l'importance de la critique positives des projets de documents" et affirmant que "tous les efforts seront faits pour améliorer les projets de documents dont les propositions de modifications seront portées par le patriarche Cyrile" (https://mospat.ru/ru/2016/04/15/news130216/ et ibid.). On peut donc penser que les projets de documents seront effectivement amendés pour tenir compte de certaines critiques et parvenir à des compromis emportant un consensus entre les Églises qui permettra de proclamer un certain nombre de décisions. La majorité des Orthodoxes suivront les positions de leurs hiérarques, en revanches, les opposants les plus radicaux peuvent tout refuser en bloc et quitter l'Orthodoxie canonique pour rejoindre les groupes dissidents. On peut actuellement estimer qu'ils seront relativement peu nombreux…

FACE AU RAPPROCHEMENT AVEC LES CATHOLIQUES

Les dernières rencontres du pape François avec le primat de l'Églises russe à La Havane et les primats des Églises de Constantinople et de Grèce à Lesbos ont entrainé l'adhésion des hiérarchies des Églises (cf. prises de position des synodes respectifs) et des milieux favorables à l'œcuménisme, en particulier dans la diaspora américaine. En revanche elles ont suscité la réprobation, allant jusqu'à des manifestations hostiles, de la part, là encore des milieux conservateurs. La bronca est particulièrement sensible dans l'Église russe, allant jusqu'au refus de commémorer le patriarche de Moscou par plusieurs monastères et paroisses moldaves (néanmoins très minoritaires dans les plus de 30 000 paroisses et près d'un millier de monastères que compte l'Église russe), alors que, par exemple, les monastères du Mont Athos n'ont pas pris ce genre de mesure à l'encontre du patriarche de Constantinople, comme ils l'avaient fait il y a cinquante (à la suite de la levée des anathèmes de 1054 qui suivit la première rencontre historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athënagoras).

Et de fait il y a beaucoup de méfiance de la part des fidèles de l'Église russe vis-à-vis des Catholiques à qui ils reprochent les conflits historiques, qui trouve sa prolongation dans le conflit ukrainien, et leur présence actuelle sur le territoire traditionnel de l'Église russe est vécue comme du prosélytisme. Les instances locales de l'Église russe ignorent d'ailleurs complétement les communautés catholiques locales: il n'y a pratiquement aucun contact au niveau des paroisses ou des diocèses et, le catholicisme n'étant pas reconnu comme "religion traditionnelle", il n'y a pas de représentants dans les instances interreligieuses.

Les dirigeants de l'Église russe semblent d'ailleurs tenir compte de cette opposition en restant très en retrait du patriarcat de Constantinople dans ce rapprochement: le patriarche de Moscou Cyrille a expliqué à plusieurs reprises qu'aucune question dogmatique n'avait été abordée durant la rencontre avec le pape qui avait une protée strictement pratique de défense des Chrétiens d'Orient et des valeurs chrétiennes traditionnelles (famille, avortement, homosexualité…) face au "sécularisme agressif" de l'Occident. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk est aussi revenu sur le sujet en sa qualité de porte-parole en insistant sur l'obstacle de l'uniatisme et sur les différences dogmatiques (rappelons en particulier que L'Église russe a rejeté le "document de Ravenne" adopté en 2007 par le Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe en l'absence de la délégation russe. Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html et reste fermement opposée au "nouveau calendrier" introduit par une encyclique du patriarcat de Constantinople "comme premier pas de rapprochement avec les Églises occidentales").

On peut donc considérer que l'Église russe tient compte de l'opinion de ses ouailles dans une large mesure, tout en allant de l'avant dans des domaines de moindre opposition, alors que le patriarcat de Constantinople s'engage clairement plus loin sans trop tenir compte de l'opinion des Orthodoxes grecs; est-ce parce qu'ils ne sont pas directement dans sa juridiction alors que la diaspora américaine en représente une large part?

QUE CONCLURE?

Il faudrait évidemment faire une étude approfondie des réactions de "l'Orthodoxie profonde" fa ce à toutes les évolutions que subit l'Église car la partie visible et médiatisée ne concerne en générale que les déclarations de la hiérarchie et les réactions des extrêmes, conservateurs ou libéraux remplissant l'espace médiatique. Mais on voit déjà par nos trois exemples que si les réactions du Peuples de Dieu sont peu ou prou prises en compte (même si la révision des règles du jeune a été suspendue elle a été discutée et laissée à la considération des Églises locales), une véritable "réception" des nouveautés comme l'œcuménisme ou la forme innovante du Concile panorthodoxe n'est pas totalement acquise…

V.Golovanow

Prêtre Serge Model : " Par sa mort, Il a vaincu la mort " - La Semaine sainte et Pâques dans l’Église orthodoxe

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Prêtre Serge Model :
En préparation à la fête de Pâques de l'Église orthodoxe (le 20 avril 2014), voici une brève présentation du Carême, de la Semaine sainte et du temps pascal dans l’Église orthodoxe, dont toute la théologie et la liturgie sont centrées sur cette victoire du Christ sur la mort et l’enfer

UN VOYAGE SPIRITUEL

Depuis l’antiquité chrétienne, la fête de Pâques est précédée de quarante jours de préparation, au cours desquels l’Église convie ses idèles à un effort de jeûne, de prière et d’abstinence : le grand carême. Durant cette période, nous sommes invités à rejeter le superflu dans notre vie (dans le domaine alimentaire, des distractions, etc.) pour nous recentrer sur l’essentiel et retrouver, au cœur du silence, la présence de l’Être. Comme le disait Mgr Antoine de Souroge (grand spirituel orthodoxe contemporain) : «Dieu est partout. Il est ici. Si tu ne ressens pas sa présence, ce n’est pas lui qui est absent, c’est toi !»

Certes, notre société, loin de valoriser la tempérance ou la modération, nous incite à exiger «toujours plus » . Mais la liberté authentique réside moins dans la satisfaction de tous nos désirs (dont nous devenons finalement esclaves) que dans l’apprentissage de l'indépendance à leur égard, à laquelle contribue le carême.

Prêtre Serge Model :
Ce «voyage spirituel » (selon le père Alexandre Schmemann, dans son livre fondamental sur Le Grand Carême ) vers la «fête des fêtes » est rythmé par la prière liturgique, dont la tonalité est celle d’une «radieuse tristesse ». Une place particulière est occupée par la prière de saint Ephrem le Syrien, sorte de guide de notre effort personnel :«Seigneur et Maître de ma vie, éloigne de moi l’esprit d’oisiveté, decouragement, de domination et de vaines paroles. Accorde à ton serviteur l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et de charité. Oui, Seigneur et Roi, donne - moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car tu es béni dans les siècles des siècles.»


ENSEVELIS AVEC LUI EN SA MORT ...

Puis commence la semaine sainte – ou «grande » semaine – qui commémore les souffrances et la mort en croix du Christ, non comme simple rappel annuel d’un événement passé, mais en tant qu’expérience toujours renouvelée : les textes évangéliques et les chants empreints de gravité amènent les fidèles à suivre, presque heure par heure, les épisodes de la passion. Les trois premiers jours (lundi, mardi et mercredi saints) préparent au mystère de la crucifixion du Fils de Dieu par amour pour nous, qui sera révélé lors la dernière Cène
(jeudi saint) : « Ceci est mon corps, livré pour vous ; ceci est mon sang, répandu pour vous ... ».

Le vendredi saint, enfin, est le jour des ténèbres et du triomphe de la mort. Aux matines (célébrées par les Russes la veille au soir), douze lectures d’évangile nous permettent d’accompagner le Christ pas à pas vers le Golgotha. Aucune eucharistie n’est célébrée en ce jour où il s’offre lui -même en sacrifice. Le soir, un office poignant de «mise au tombeau » –l’un des sommets de l’année liturgique orthodoxe – voit l’ensevelissement symbolique du Christ. Le samedi saint –le septième jour – est celui du repos, mais à travers la défaite, point déjà l’aube de la victoire ...«Gloire à tes souffrances, Seigneur, gloire à ta longanimité!»

VOICI LE JOUR QUE FIT LE SEIGNEUR

Depuis les premiers siècles, les fidèles passaient la nuit de Pâques dans l’église. Avant le début de l’office, c’est le silence, la pénombre, l’attente. À minuit, commence une procession qui – comme les femmes myrrophores se rendant au tombeau – fait le tour de l’église et s’arrête devant l’entrée (chez les Grecs, le célébrant lit ici l’Évangile de Marc 16, 1-8). Le clergé entonne le « tropaire » de la résurrection : « Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vaincu la mort. À ceux qui sont dans les tombaux, il a donné la vie ! » (repris par le chœur), qu’il alterne avec les versets du psaume 67 : « Que Dieu se lève, et que ses ennemis se dispersent ! Comme se dissipe la fumée, qu’ils se dissipent, comme fond la cire en présence du feu ! Ainsi périssent les pécheurs en face de Dieu, mais les justes exultent. Voici le jour que le Seigneur a fait ; soyons dans la joie et dans l’allégresse ! »

La procession pénètre alors dans l’église illuminée. Puis, l’on chante le « canon » de saint Jean Damascène, l’une des plus hautes créations de la poésie liturgique byzantine. Les thèmes en sont rapidement suggérés, en notations brèves : voici le tombeau vide, les femmes myrrophores, l’annonce de la résurrection aux apôtres. Le style (et la musique) sont traversés de jubilation : « Jour de la résurrection ! Peuples, rayonnons de joie. C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ! De la mort à la vie, de la terre jusqu’au ciel, le Christ, notre Dieu, nous conduit : chantons la victoire du Seigneur ! » La mort est détruite, et la lumière jaillit du tombeau du ressuscité, qui porte avec lui toute l’humanité.


Prêtre Serge Model :
À la fin des matines, le clergé et les fidèles échangent le triple baiser de paix : « Le Christ est ressuscité ! – En vérité, il est ressuscité !» (l’on se saluera ainsi pendant tout le temps pascal). Ensuite, le célébrant lit un sermon de saint Jean Chrysostome : « Entrez dans la joie de notre Seigneur (…) Vous qui avez jeûné et vous qui ne l’avez point fait, réjouissez-vous aujourd’hui. (…) Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon s’est levé du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a libérés. Il a détruit la mort, celui qu’elle avait étreint ; il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers. Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? Le Christ est ressuscité et (…) voici que règne la vie. »

Suit la liturgie eucharistique, célébrée sur un rythme rapide, rempli d’allégresse. L’Évangile de Jean (1, 1-17) est, chez les Russes, lu en plusieurs langues, pour signifier l’universalité du salut (chez les Grecs, ce sera celui des vêpres du jour : Jn 20, 19-25). Et la communion des fidèles manifeste comme jamais que l’Église est fondée sur le mystère pascal (« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine », 1 Co, 15:17).

Un tel mystère ne pouvant se célébrer en un seul jour, l’Église prolonge durant toute une octave la fête de Pâques : pendant la semaine qui suit – appelée « lumineuse » ou « du renouveau » – la célébration pascale est répétée à l’identique chaque jour. Ensuite, jusqu’à l’Ascension, l’office gardera des accents pascaux mais d’une moindre intensité. Et le repas pascal, partagé en communauté ou en famille, se prolonge dans les visites qu’on se rend les uns aux autres. « De lumière maintenant, est rempli tout l’univers ; que désormais toute la création célèbre la résurrection du Chist, notre force et notre joie ».

Prêtre Serge Model,
Archevêché orthodoxe russe en Belgique

Message pascal du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie

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Message pascal du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie
Message pascal du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie aux archipasteurs, pasteurs, diacres, moines et à tous les fidèles enfants de l’Église orthodoxe russe

Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu.
(I Jn 3, 1)



Éminences, vénérables prêtres et diacres, moines et moniales aimant Dieu, chers frères et sœurs,

LE CHRIST EST RESSUSCITÉ !


Mes bien-aimés, je vous salue tous de ces mots joyeux et vivifiants, vous congratulant à l’occasion de la Pâque grande et salutaire.

L’Église appelle ce saint jour fête des fêtes et solennité des solennités par la voix d’un des docteurs universels, saint Grégoire le Théologien. Ces expressions contiennent un sens spirituel profond car « Pâque surpasse toutes les solennités, non seulement humaines et terrestres, mais même celles du Christ et celles célébrées pour le Christ, d’aussi loin que le soleil surpasse les étoiles. » La glorieuse Résurrection du Seigneur Jésus, cet évènement central dans l’histoire du salut du genre humain, constitue le sens même, l’essence profonde de notre foi, le cœur et la force du message chrétien au monde. En ces jours, notre prédication toute entière est contenue en trois mots. « Christ est ressuscité ! Lorsque j’ai dit ceci, que puis-je dire de plus ? Tout est dit ! » s’exclame saint Philarète, métropolite de Moscou (Homélie du jour de Pâques, 18 avril 1826).

Message pascal du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie
L’histoire de l’humanité après la chute d’Adam est l’histoire de la lutte constante du bien contre le mal. En désobéissant au Créateur, les hommes ont introduit le péché dans leur vie et dans le monde, et avec lui les souffrances et la maladie, la corruption et la mort. Mais le péché a, avant tout, séparé les hommes de Dieu qui n’avait pas créé le mal et auquel toute iniquité est étrangère. Aucun juste n’a pu revenir sur cette tragique séparation, franchir cet immense gouffre spirituel car il est impossible aux seules forces humaines d’y parvenir. C’est pourquoi, comme le dit saint Grégoire le Théologien, « nous avons eu besoin de Dieu incarné et mis à mort pour nous faire revenir à la vie » (Discours 45, Sur la Sainte Pâque).

En d’autres termes, la Résurrection du Christ est cette percée vers l’éternité grâce à laquelle les limites humaines sont dépassées, grâce à laquelle la soif d’union à Dieu est étanchée. Pâques est la solennité de l’amour illimité du Créateur pour les hommes, « car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique pour que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

Mais que veut dire fêter Pâques dans un monde accablé de douleurs et de souffrances, épuisé par les guerres et les conflits, marqué par la haine et la colère ? Que signifie chanter « par la mort Il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie » alors que la mort reste la fin inéluctable de la vie terrestre de chacun de nous ? Certes, Pâques n’annule pas la présence réelle de la mort dans l’univers, mais la souffrance humaine et la tragédie de l’existence terrestre sont désormais vaincues par le Seigneur Jésus Ressuscité, qui nous donne à nous, ses disciples qui le suivons, l’espérance invincible d’atteindre la vie éternelle. La mort, pour nous chrétiens, n’est plus désormais une séparation, mais une rencontre joyeuse et la réunion attendue avec Dieu.

Le Christ, premier-né d’entre les morts (I Cor 15, 20), nous a montré la seule voie possible pour surmonter le péché et la mort. C’est la voie de l’amour. Et nous sommes appelés à témoigner de cet amour au monde. A témoigner avant tout par l’exemple de notre propre vie, car A ceci tous reconnaîtrons que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jn 13, 35).

L’amour en lequel, selon l’apôtre Paul, se noue la perfection (Col 3, 14), est la plus haute et la plus grande des vertus chrétiennes. Lorsque nous passerons à l’éternité, lorsque nous serons trouvés dignes de voir le Seigneur Lui-même, notre foi deviendra connaissance, et l’espérance du salut dans la miséricorde de Dieu sera réalisée. Cependant, l’amour ne passera jamais (I Cor 13, 8) et ne changera jamais.

Comme l’écrit si bien saint Ignace (Briantchaninov), la perfection du christianisme consiste dans l’amour parfait envers le prochain (Expériences ascétiques. De l’amour du prochain). Que veut dire « amour parfait » ? C’est un amour qui va jusqu’à l’amour des inconnus, des malveillants et même des ennemis. C’est un amour plein d’abnégation, qui dépasse tout entendement humain car il ne rentre pas dans le cadre de la logique humaine ordinaire. Il s’acquiert par les exercices spirituels, attirant la grâce divine qui nous donne de répondre par l’amour à la haine et par le bien au mal.

C’est cet amour que nous a manifesté le Christ, Lui qui a supporté d’horribles humiliations, les souffrances de la croix et une mort atroce pour notre salut. L’enfer a été détruit jusqu’aux fondations par cet amour vainqueur, emplissant tout. Et les portes du paradis ont enfin été ouvertes à l’humanité. Dans toutes les circonstances de notre vie, nous sommes invités à nous souvenir que les forces du mal sont illusoires et ne sont pas si puissantes qu’elles le paraissent, car elles ne peuvent se comparer aux puissances de l’amour et du bien dont Dieu est l’unique source. Souvenons-nous que la meilleure réponse, le moyen le plus efficace contre le péché et l’injustice est notre prière sincère, une prière venant des profondeurs du cœur, et avant tout la prière collégiale, celle qui s’élève à l’église pendant l’office, et d’autant plus la communion au Corps et au Sang du Sauveur Lui-même dans le Sacrement de l’Eucharistie.

Revivant aujourd’hui l’immense joie pascale et contemplant avec dévotion et crainte le Christ Vivificateur Ressuscité du tombeau, partageons cette salutaire nouvelle avec nos proches et avec tout homme, afin qu’ils voient l’éclat ineffable de l’Amour divin et puissent avec nous bénir et glorifier le nom très-vénérable et magnifique du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Que la lumière salvatrice de la Résurrection du Christ qui dépasse toute intelligence illumine toujours les chemins de notre vie, nous éclairant et nous consolant, faisant de nous les participants et les héritiers du Royaume céleste.

Réjouissez-vous, très chers, car

EN VÉRITÉ LE CHRIST EST RESSUSCITÉ !

CYRILLE,

PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE


Pâque du Christ, 2016

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